CARTE UNIVERSELLE PrEP?

Roger-Luc Chayer

Dans notre dernière édition, nous vous parlions, dans le cadre de
l’article sur Steeve Biron, d’une idée qui fait lentement son chemin
au Québec et qui avait été mentionnée une première fois dans le
Magazine Gay Globe l’an passé. Il s’agit de la possibilité de lancer
ou de mettre à la disposition des personnes cibles une carte universelle,
anonyme, réservée aux personnes sous PrEP ou séropositives
indétectables. Parlons-en un peu…
Il existe actuellement un contexte très particulier dans le monde du
VIH/SIDA entre les séronégatifs sans prévention, les personnes
séronégatives sous PrEP, les séropositifs détectables ou en primo-
infection et les séropositifs indétectables. Dans le cas des personnes
sous PrEP ou indétectables, il n’existe aucun moyen de
savoir si le renseignement est exact et la question de la vérification
avant d’avoir une relation sexuelle est très délicate. On ne peut
tout de même pas demander aux futurs partenaires, de longue ou
de courte durée, de divulguer leurs prises de sang de moins de
30 jours ou leurs résultats de tests de détection rapides du VIH ou
encore de montrer des preuves de prescriptions pour la PrEP, il y
a quand même des limites.
Actuellement tout le monde peut dire à peu près n’importe quoi sur
son statut sérologique et pendant ce temps, malheureusement, la
maladie continue à se transmettre au Québec et surtout à Montréal,
même si le fait de se dire sous PrEP ou indétectable n’a
jamais été aussi populaire.
Un moyen intéressant qu’il faudrait songer à mettre en place, pour
réellement prévenir le risque de transmission en considérant ce moyen
comme un outil de plus avec le condom et les autres méthodes
mentionnées dans cet article, serait de mettre en place une carte
universelle. Cette nouvelle carte prouverait que les personnes qui
le désirent sont vraiment soit protégées par la PrEP et à jour dans
le traitement, soit, pour les personnes indétectables, que leur statut
sérologique est réel et que les traitements, de même que les analyses
de contrôle, sont à jour.
En fait, l’État pourrait offrir cette carte qui ne serait pas nominative
et qui ne comporterait qu’un seul numéro d’identification qui
permettrait de consulter un site web gouvernemental, soit celui
du Ministère de la Santé ou de la Régie de l’Assurance-Maladie
du Québec, pour valider le numéro. Si le numéro est suivi d’un
crochet vert, cela signifierait que la personne est à jour dans ses
traitements et analyses alors qu’un crochet rouge indiquerait que
le numéro n’est plus valide, que la personne n’est pas à jour dans
ses renseignements ou d’autres raisons qui pourraient permettre
à celui qui vérifie de prendre une décision plus éclairée. Les gens
pourraient alors prendre les décisions qu’ils souhaitent en fonction
d’un vrai statut sérologique vérifié et vérifiable.
Toutefois, plusieurs intervenants de la santé s’inquiètent de la possibilité
d’invasion de la vie privée à l’encontre des détenteurs de ces
cartes. Qui pourrait aller consulter ces dossiers médicaux? Est-ce
que quelqu’un pourrait obtenir ces renseignements très confidentiels
dans le cadre d’un divorce, d’un procès ou autrement? Évidemment,
la même protection que celle accordée aux impôts ou aux renseignements
médicaux de la Régie de l’Assurance-Maladie pourrait
être offerte. Rien n’est infaillible, mais pourquoi ne pas y songer?

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