Roger-Luc Chayer
Surprise de taille, vous en conviendrez, offrir la couverture de Gay Globe à la Reine du Canada sans faire de politique pouvait relever d’un exercice périlleux que j’ai quand même décidé de faire, et pour les bonnes raisons. Élisabeth II est la Reine de nombreux pays dont le Canada, l’Angleterre, l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Elle est aussi Présidente de la plus grande organisation commerciale du monde, le Commonwealth. C’est à ce titre qu’il y a quelques années, la Souveraine décidait d’imposer une nouvelle vision de l’homosexualité à ses membres en liant leur adhésion et le futur de l’organisation à des modifications législatives qui devaient considérer la décriminalisation de l’homosexualité et la fin de la stigmatisation faite aux personnes de cette communauté. Au début, certains de ces pays les plus petits ont offert une certaine résistance en criant haut et fort que la Reine n’avait tout de même pas juridiction sur tous les parlements locaux, mais avec beaucoup de diplomatie, sa spécialité il faut l’avouer, elle a fait l’histoire en signant une nouvelle charte du Commonwealth, en 2013, qui interdisait la discrimination contre les femmes, les minorités ethniques et les gais. Une première dans la plupart des pays du Commonwealth qui, dans certains cas, étaient musulmans et pratiquaient la Charia. En ce sens et grâce à son poids politique unique, la Reine Élisabeth II du Canada avait sa place sur notre couverture. La question gaie faisant l’unanimité ou presque dans notre pays, c’est sur ce point qu’elle se devait d’être honorée sur notre couverture au même titre que les grands de ce monde qui contribuent à notre mieux être collectif.