ÉLISABETH II ET LA DIVERSITÉ

Photo Reine

Par : Carle Jasmin

Photo : La reine Élisabeth II (1926-2022) par Bettmann Archive

La Reine Élisabeth II : intérêt pour les arts et attention discrète aux droits LGBT

Nous savions déjà que la reine Élisabeth II, de Grande-Bretagne et du Canada, avait un véritable intérêt pour les arts, récompensant régulièrement les artistes de son époque par des médailles et des titres. Mais peu de gens connaissent ses préoccupations envers les personnes des communautés LGBT, et plus particulièrement les homosexuels durement touchés par le sida à une certaine époque.


L’affaire Turing : symbole de discrimination et d’injustice

À son avènement, le gouvernement britannique venait de traverser l’un des scandales les plus marquants depuis l’emprisonnement d’Oscar Wilde pour homosexualité : l’affaire Turing.

En Angleterre, Alan Turing demeure au cœur d’une affaire symbolique de discrimination et d’injustice. Mathématicien et cryptologue de génie, il a joué un rôle décisif dans le décryptage du code Enigma pendant la Seconde Guerre mondiale, sauvant potentiellement des milliers de vies.

Pourtant, son homosexualité, alors passible de poursuites, l’a conduit à une condamnation et à un traitement hormonal forcé, une castration chimique. Son histoire a mis en lumière la rigueur des lois homophobes britanniques de l’époque. Il est retrouvé mort par empoisonnement au cyanure le 8 juin 1954 dans la chambre de sa maison à Wilmslow. La reine Élisabeth II le reconnaît comme héros de guerre et lui accorde une grâce royale à titre posthume en 2013.


Une approche prudente sur l’homosexualité

La reine Élisabeth II a adopté une posture généralement prudente et distante sur les questions d’homosexualité, reflétant les conventions et la sensibilité de son époque, du moins, au début de son règne.

Elle n’a jamais vraiment pris publiquement position de manière radicale, mais ses actions discrètes, comme le soutien tacite à des réformes législatives ou sa bienveillance envers certaines figures de la communauté LGBT comme Elton John, montrent une ouverture mesurée. Plutôt que de provoquer le débat, elle a choisi de laisser le temps et la société évoluer, et c’est tout à son honneur.


L’engagement discret face au VIH/sida

La reine a abordé la question du VIH/sida avec la même prudence discrète qui caractérisait son approche des sujets sociaux sensibles. Elle n’a jamais fait de déclarations publiques frappantes sur la maladie, mais elle a soutenu indirectement des initiatives visant à sensibiliser et à lutter contre l’épidémie.

Les membres de sa famille, comme la princesse Diana et ses deux petits-fils, William et Harry, se sont montrés plus visibles et proactifs sur cette question, n’hésitant pas à visiter des malades. Harry, en particulier, a même accepté de se faire dépister publiquement, devant les caméras de télévision, contribuant ainsi à lutter contre les préjugés.


Un soutien indirect mais significatif

L’engagement de la reine s’est aussi souvent exprimé par des apparitions ou des soutiens à des œuvres caritatives et des organismes de santé touchés par le VIH/sida, contribuant à normaliser la prise en charge et à réduire la peur panique du début de la pandémie.

Elle a aussi montré une ouverture d’esprit certaine en récompensant, en 2012, l’éditeur du magazine Gay Globe pour sa carrière de musicien classique et de journaliste engagé auprès des minorités sexuelles, ici comme en Europe. Même la monarchie peut apprécier un peu de fanfare et de plume bien placée. Nous en sommes bien fiers…

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