Le Vatican, terre de contradictions : De l’amour prêché à l’homophobie persistante

Photo Vatican

Roger-Luc Chayer (Photo: La Place Saint-Pierre du Vatican – Pixabay)

Avec le décès récent du pape François, on parle abondamment de l’homme d’État, du chef spirituel des catholiques du monde, de ses accomplissements sociaux et de ses réformes de l’État et de l’Église. Ce pape, tout aussi exceptionnel que ses prédécesseurs, s’est distingué par une approche beaucoup plus humaine et proche du peuple, laissant une Église transformée dans son sillage.

Entre François et le Vatican

Il existe toutefois une différence importante entre l’homme qu’était le pape François et l’institution de l’Église — ainsi que de l’État, puisqu’ils sont indissociables — qu’il incarnait. Voici quelques faits à connaître sur cette nation unique :

1- Superficie: Avec une superficie de seulement 0,44 kilomètre carré et une population de 825 habitants, le Vatican est le plus petit pays du monde. C’est probablement le seul pays au monde que l’on peut parcourir à pied en moins d’une heure. Ce qui le rend encore plus fascinant, c’est qu’il est situé au cœur même de la ville de Rome.

2- Système carcéral: La Cité du Vatican est probablement la seule nation au monde à ne pas posséder de prison. Le pays dispose de quelques cellules pour la détention préventive. Les personnes condamnées à une peine d’emprisonnement purgent leur peine dans des prisons italiennes, conformément aux dispositions du Traité de Latran. Les frais d’incarcération sont pris en charge par le gouvernement du Vatican.

3- Criminalité: Le Vatican compte moins de 1 000 résidents officiels, et pourtant, il affiche le taux de criminalité le plus élevé au monde. Cela ne signifie pas qu’il s’y commet plus de crimes qu’ailleurs, mais que le nombre de crimes rapporté au nombre d’habitants y est plus élevé. Ces délits sont généralement le fait des millions de touristes qui affluent chaque année dans la cité. Les crimes les plus courants sont le vol à l’étalage, le vol de sac à main et le pickpocket. Le site officiel du tourisme du Vatican lui-même recommande aux visiteurs de rester vigilants en tout temps.

4- Capitale du vin: On rapporte que les résidents du Vatican consomment plus de vin par habitant que partout ailleurs dans le monde. En moyenne, un résident du Vatican boit environ 74 litres de vin par an, soit le double de la consommation observée dans des pays réputés pour leur vin comme la France et l’Italie.

Plusieurs raisons expliquent cette consommation élevée. Les résidents du Vatican ont tendance à prendre leurs repas en groupe, dans un esprit communautaire, et l’unique supermarché de la cité vend du vin hors taxes, ce qui contribue à en augmenter la consommation.

5- Protection par la garde Suisse: 135 soldats suisses, connus sous le nom de Garde suisse pontificale, sont chargés de protéger le pape. Ils ont été engagés pour la première fois en 1506 par le pape Jules II, qui avait besoin d’une protection personnelle contre les ennemis de l’Église. Ils sont facilement reconnaissables à leur uniforme coloré à rayures.

Tout le monde ne peut pas intégrer la Garde suisse : il faut être de sexe masculin, âgé de 19 à 30 ans, mesurer au moins 1,74 mètre, être chrétien et avoir complété une formation militaire de base.

6- Guichets automatiques en latin: L’italien est la langue officielle de la Cité du Vatican et celle utilisée pour toutes les affaires officielles. L’italien est également la langue véhiculaire, mais le Saint-Siège utilise le latin comme langue officielle. Le Vatican est d’ailleurs considéré comme le gardien de facto de la langue latine. Il n’est donc pas si surprenant d’apprendre que le guichet automatique de la Banque du Vatican propose des instructions en latin.

7- Voie ferrée la plus courte au monde. La Cité du Vatican abrite également le chemin de fer le plus court au monde. La gare comprend deux voies de 300 mètres et une seule station : Città Vaticano. Les rails et la gare ont été construits durant le pontificat du pape Pie XI. Ce chemin de fer est utilisé pour le transport de marchandises. Aucun train de passagers régulier n’y circule.

8- Aucune nationalité acquise: Le Vatican ne possède aucun hôpital, et surtout, aucune salle d’accouchement. Par conséquent, personne ne peut obtenir la citoyenneté vaticane par naissance. Celle-ci est accordée uniquement sur la base d’une nomination à un poste au service du Saint-Siège. La citoyenneté peut également être étendue aux conjoints, parents et autres membres de la famille vivant sous le même toit. Une fois la nomination terminée, la citoyenneté est automatiquement retirée.

9- Son propre télescope: En 1981, le Vatican a acheté un télescope de pointe, l’un des plus grands télescopes au monde : le Vatican Advanced Technology Telescope. Il est situé au sommet du mont Graham, dans le sud-est de l’Arizona, et c’est depuis cet endroit que le Vatican mène ses recherches astronomiques.

10- Patrimoine mondial de l’UNESCO: Le Vatican est le seul pays à être entièrement désigné comme site du patrimoine mondial. Il a été inscrit en 1984. La liste inclut à la fois la ville du Vatican et les propriétés extraterritoriales à Rome, c’est-à-dire la basilique Saint-Pierre et la basilique Sainte-Marie-Majeure.

État homophobe : Le Vatican

Malgré ces exploits historiques et uniques, le Vatican dissimule une sombre réalité qu’il partage avec certains pays d’Extrême-Orient ou d’Afrique, où l’homosexualité est sévèrement réprimée. L’État du Vatican persécute les personnes issues des communautés LGBTQ+, et ce, malgré les enseignements du pape François.

Les lois du Vatican, basées sur la doctrine catholique, considèrent l’homosexualité comme contraire aux enseignements traditionnels de l’Église. Le Vatican enseigne que les actes homosexuels sont péchés, bien que les personnes homosexuelles ne soient pas condamnées en tant qu’individus. En 2003, la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’organe doctrinal du Vatican) a publié un document soulignant que les actes homosexuels sont moralement inacceptables.

Il est important de noter que bien que le Vatican n’ait pas légiféré directement sur les lois civiles concernant l’homosexualité (car la Cité du Vatican n’est pas un pays où l’homosexualité est pratiquée ouvertement), la position officielle de l’Église reste opposée au mariage homosexuel et à l’adoption par des couples homosexuels.

Cela signifie que, bien que l’homosexualité en tant que telle ne soit pas criminalisée dans le Vatican, elle est toujours perçue comme contraire à la doctrine morale de l’Église catholique.

Les exécutions passées d’homosexuels

Dans le passé, l’Église catholique a joué un rôle dans la persécution et l’exécution d’homosexuels, en particulier au Moyen Âge et à la période de la Renaissance. L’homosexualité était vue comme un péché grave, et l’Église soutenait parfois des peines sévères pour ceux qui étaient accusés de tels actes.

Sous l’Inquisition, des accusations d’homosexualité pouvaient mener à des procès où des personnes étaient condamnées à des peines sévères, y compris la peine de mort. Au cours de ces périodes, l’Église catholique, en collaboration avec les autorités civiles, a condamné des personnes à être brûlées vives, exécutées par pendaison ou noyées, en raison de pratiques homosexuelles perçues comme un affront à Dieu.

Dans certains pays européens, comme l’Espagne et l’Italie, l’Église a eu une influence considérable sur les lois civiles, et l’homosexualité était souvent un crime puni par la loi. Les personnes accusées d’homosexualité étaient souvent soumises à des tortures ou à des exécutions publiques.

Cependant, il est important de noter que cette persécution était davantage une conséquence des lois civiles de l’époque, souvent influencées par l’Église, et non nécessairement des enseignements doctrinaux explicites de l’Église, même si l’institution a soutenu ces peines sévères.

Le Vatican a évolué sans s’excuser

Malheureusement et contrairement à de nombreux pays et gouvernements, le Vatican n’a pas présenté d’excuses officielles aux personnes homosexuelles pour les persécutions historiques menées par l’Église catholique, bien que des déclarations plus récentes suggèrent une volonté de réconciliation et de compréhension.

Un véritable « acte d’excuse officiel » pour les persécutions passées, telles que celles menées sous l’Inquisition, n’a pas encore eu lieu. L’Église a eu, à diverses occasions, des initiatives de réconciliation et de dialogue, notamment avec des groupes marginalisés, mais ces démarches n’ont pas spécifiquement concerné les actes de persécution des homosexuels dans l’histoire.

Le Groupe Gay Globe publie depuis plusieurs années, notamment dans sa version papier, une chronique régulière portant sur ces États homophobes qu’il faut connaître. Le Vatican n’y avait jamais été mentionné, mais compte tenu de l’actualité récente avec le décès du pape et de la propension de l’Église catholique à toujours parler d’amour, de paix, de rapprochement, etc., il nous semblait important de rappeler à nos lecteurs que l’homophobie y est toujours présente.

Tribunaux des droits de l’homme

Les lois du Vatican ne comportent pas de code civil, il n’est pas membre de l’ONU, ni signataire de l’espace Schengen, qui permet la libre circulation des personnes en Europe. Il n’est pas membre de l’Union européenne ni du Tribunal pénal international. On comprend donc que demander l’aide internationale afin de régulariser la situation des communautés LGBTQ+ au sein de l’Église ou de l’État du Vatican est inutile.

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