Roger-Luc Chayer
Quand vient le temps de parler des saunas gais et de leur histoire, on se heurte souvent à de nombreux clichés pas toujours très positifs. Pourtant, l’histoire des établissements thermaux gais dans le monde en est une de première importance dans l’émancipation des hommes de toutes orientations sexuelles confondues. Dans le cadre des grands dossiers du magazine, j’ai décidé d’inviter Mathieu Guy, directeur général du sauna montréalais l’Oasis, à nous donner sa vision d’un sauna moderne et de l’avenir de ce type d’établissement dans nos communautés.
Mais tout d’abord, il faut remettre en contexte les saunas gais qui ne datent pas des années ‘70 à Montréal comme plusieurs le pensent, mais de plus d’un siècle. Il y avait au début des années 1900 à Montréal déjà plus de 15 établissements, spas, saunas, bains populaires réservés aux hommes selon l’horaire de la semaine. Très populaires, il se sont diversifiés et certains se sont spécialisés uniquement pour une clientèle masculine au point où dans la grande région de Montréal, dans les années 80, on pouvait en compter 22. «Quand j’ai commencé mes nouvelles fonctions à l’Oasis il y a 8 ans, je suis arrivé avec mes idées préconçues et mes clichés de ce que je croyais qu’était un sauna pour hommes, mais j’ai vite réalisé que j’étais loin d’avoir une image précise de l’établissement. Je croyais que les activités et la clientèle y étaient très sexualisées, un peu comme un bar gai où tout le monde se promènerait en serviette, mais non, j’ai découvert que le sauna était un lieu de socialisation et d’échanges humains pour la grande majorité des clients. Certains y viennent pour relaxer après une longue journée de travail, prendre un bain tourbillon chaud ou faire sortir les toxines dans le bain vapeur, et d’autres viennent carrément pendant leurs heures de travail, le jour, pour socialiser, discuter entre amis ou réguliers, parler de tout et de rien tout en étant dans un environnement favorisant la détente.», nous explique Mathieu Guy. «D’autres viennent à l’Oasis pour y faire des rencontres, pour draguer et c’est l’aspect sécuritaire des lieux qui les intéressent», car comme l’explique le bouillant et passionné gestionnaire des lieux, depuis l’avènement des réseaux sociaux et des applis de rencontres, beaucoup d’hommes hésitent à donner leur adresse à des inconnus. L’Oasis devient encore plus pertinent en 2019 alors qu’il offre la possibilité de faire des rencontres dans une sorte de club privé à l’accès contrôlé, en sécurité, tout en permettant l’anonymat.
Mathieu a fait de nombreuses transformations à l’Oasis, en partie grâce à un personnel dévoué au service à la clientèle, son plus ancien employé a 34 ans de services, et quand je lui demande de me dire ce que serait un sauna idéal selon lui, il me répond que son rêve serait d’offrir une expérience ultime aux clients qui trouveraient dans son établissement tous les services nécessaires à une détente absolue comme un bar, un restaurant, un service d’hôtellerie, une section spa complète, un peu comme si le client embarquait sur une croisière de luxe. «On se dirige lentement vers ça avec nos rénovations et nos travaux, il y aura encore des changements à venir qui feront de l’Oasis une sorte de club exclusif», ajoute Mathieu.
Plus que jamais, les spas pour hommes gais permettent l’épanouissement personnel à des hommes qui ne peuvent pas toujours vivre pleinement ce qu’ils sont, pour diverses raisons. «Je suis très heureux d’avoir pu parler de ce sujet dans le Magazine Gay Globe, et d’avoir pu contribuer à remiser les vieux clichés sur notre type de commerce», conclut Mathieu qui est membre de la famille du Magazine Gay Globe depuis plusieurs années.