Roger-Luc Chayer
Les médias nous rapportaient récemment qu’un nombre important de journalistes français faisaient l’objet de contrôles plus serrés et fréquents de la part des policiers quand ils couvrent des situation les impliquant, et certains s’indignent de cela en invoquant la liberté de presse et la liberté de circulation pour les médias. Évidemment, les médias sociaux sont rapides à réagir et diffusent des milliers d’images de contrôles policiers qui font paraître ces derniers comme de méchants abuseurs. Or, il y a peut-être une explication à leur prétendu zèle!
C’est donc en me coiffant du chapeau d’ex-Président de l’Association Canadienne des Journalistes de Montréal que je vais parler un peu d’éthique journalistique. Contrairement à certains de mes collègues français ou québécois, je vois une toute autre raison à ces contrôles, et il est fort possible que ce soient les journalistes eux-mêmes qui en sont la cause.
Nous avons vécu le fameux «printemps érable» au Québec et pendant cette période troublée de la vie politique québécoise, en 2012, les policiers étaient aussi confrontés à des situations similaires, eux qui étaient intensément scrutés par les médias, et par les autres…
Je dis bien «les autres» car ayant couvert ces événements, je me souviens très bien des foules qui manifestaient et des nombreux photographes, vidéastes et cellulairastes qui se fondaient parmi les journalistes pour harceler les policiers, pour les provoquer et obtenir des images spectaculaires de pseudo-abus et violences des autorités pour avancer leur cause, leur plan. Il fallait voir ces jeunes pseudo-journalistes coller leur téléphone au visage des policiers et filmer de façon très envahissante leur travail. Et ce qui devait arriver arriva, comme cela se fait maintenant en France, les policiers ne peuvent plus distinguer le journaliste du militant.
Les journalistes jouissent de privilèges dans le cadre de leurs fonctions qui sont exclusifs. Quand des militants se glissent dans les groupes de journalistes et ont des comportements contraires à l’éthique de notre profession, non seulement ils nuisent à notre travail, mais en plus, ils forcent les policiers à effectuer des contrôles pour vérifier qui possède une carte de presse valide et légitime.
«Les autres» sont escortés ailleurs, comme on le voit à la télé, parce qu’il faut bien comprendre que des images mal interprétées détruisent parfois des vies et que créer des conditions périlleuses pour provoquer des policiers et se servir de ces images pour nuire à leur profession peut avoir de graves conséquences.
Je dois donc me ranger du côté des policiers car je trouve tout à fait légitime et acceptable d’être contrôlé. Je ne me sentirais absolument pas violé dans mes droits si on me demandait une carte de presse et m’empresserais de collaborer pour que les policiers puissent faire leur travail, et moi le mien! Après tout, aucun policier ne dicte aux journalistes ce qu’ils doivent dire ou écrire tout de même!
Avant de conclure que les images de contrôles policiers sont odieuses, souvenez-vous que ceux qui se font passer pour journalistes pour mieux abuser des policiers par la suite déconsidèrent non seulement notre profession, mais aussi celle des policiers qui, après tout, agissent pour notre sécurité collective. Matière à réflexion!