Roger-Luc Chayer
Toute une poursuite judiciaire se trame en Angleterre et non la moindre, puisqu’elle sera déposée à la demande de la famille royale!
C’est que le journal The Sun a diffusé sur son site Web une vidéo de la jeune princesse Élisabeth, devenue reine d’Angleterre des années plus tard, la montrant en train de faire ce que l’on prétend être un salut nazi. Toute une affirmation qui aurait dû être vérifiée avant d’être publiée, car elle pourrait coûter très cher à l’éditeur… Voici pourquoi…
Cette photo date de 1933, or il est important de savoir que même si elle imitait le nouveau chef de gouvernement allemand Adolph Hitler, qui venait à peine d’être élu, ce salut est loin d’avoir la signification qu’il a eu bien des années plus tard. En effet, alors que la jeune princesse semblait s’amuser à saluer à la «romaine» ou à la «hitlérienne», c’était tout de même 6 ans avant le début de la Deuxième Guerre mondiale et 12 ans Photo: La princesse Élisabeth en 1933 imitant un salut romain ou nazi?
avant la capitulation de l’Allemagne. Bien des gens croient que le salut nazi a été inventé par les allemands: il n’en est rien. En fait, le salut fasciste de son nom moderne est arrivé en Allemagne en 1900. Il est simplement devenu plus populaire après l’élection d’Hitler qui l’a adopté plus tard. Le même salut militaire a été utilisé par les Italiens, les Espagnols et d’autres nations qui n’ont rien à voir avec Hitler.
L’origine historique de ce salut remonte à l’Empire romain, il y a plus de 2000 ans. Et peu de gens le savent mais le «salut hitlérien» a aussi été utilisé, et tenez-vous bien, par Napoléon Bonaparte, considéré aujourd’hui comme le plus grand chef d’État démocrate d’Europe. (Voir la photo plus bas), alors qu’il était empereur de France.
Le plus important dans toute cette affaire, qui ne manquera pas de faire parler d’elle encore bien longtemps, est que le journaliste responsable de la rédaction d’un texte associant la reine d’Angleterre au nazisme a intérêt à vite s’excuser (ce qu’il ne semble pas vouloir faire), parce que les étiquettes, en cette ère moderne de médias sociaux et de communication vitesse grand V, collent vite à la peau des gens, même quand c’est faux. Qui nous dit que la princesse Élisabeth n’était tout simplement pas en train d’imiter l’empereur Néron sur son balcon, alors que Rome brûle sous ses pieds, ou en train de se moquait du salut des officiers de Napoléon qui devaient utiliser ce geste pour jurer fidélité à la France? Et qui nous dit qu’elle n’était pas justement en train de se moquer d’Hitler, ne sachant pas qu’elle ridiculisait, a posteriori avec raison, le plus grand meurtrier de l’Europe moderne?