RAPPEL: «L’AFFAIRE SALVAIL»

Roger-Luc Chayer

Même si la terre a tourné depuis l’éclatement de l’affaire Salvail
et que le monde québécois de la télévision est bouleversé par les
faits et gestes reprochés au célèbre animateur, il nous semblait
important de revenir sur certains aspects du dossier qui n’ont pas
été expliqués comme ils auraient dû l’être.
En résumé, Éric Salvail aurait, selon de très nombreux témoignages,
commis des gestes abusifs, qui frôlent le harcèlement criminel
et d’autres aspects du Code criminel en matière de moeurs
,et ceci, alors qu’il était en position de pouvoir sur les gens. Se
montrer le zizi continuellement en invoquant l’aspect rigolo du
geste, insister pour voir le zizi des autres, créer continuellement
des conditions de harcèlement sexuel en se dénudant à des moments
inappropriés et surtout, humilier et détruire moralement ceux
qui refusaient ses avances. Voilà quelques-uns des gestes reprochés
à Monsieur Salvail.
Sur les aspects criminels, civils ou moraux de tout cela, les tribunaux
en décideront si les plaignants demandent justice et réparation,
mais Monsieur Salvail a déjà admis ces gestes et leur portée
dans un message Facebook qu’il adressait à ses victimes et associés,
pour s’excuser. Nonobstant cela, le public est tout à fait en
droit de conclure qu’Éric Salvail, en agissant ainsi depuis des années,
avait, à tout le moins, un sérieux problème de comportement
en démontrant clairement un trouble de la personnalité narcissique.
Selon Wikipédia, le trouble de la personnalité narcissique est un
trouble dans lequel un individu se manifeste par le besoin excessif
d’être admiré, et par un manque d’empathie. Cette condition
affecte 1 % de la population. Le sujet narcissique recherche une
gratification en lui-même, et s’attache peu au jugement des autres,
est très focalisé sur ses problèmes d’adéquation personnelle,
de puissance et de prestige. Le sujet a un sens grandiose de sa
propre importance, il est absorbé par des fantasmes de succès
illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté, de perfection. Pense
être « spécial » et unique. Montre un besoin excessif d’être admiré.
Pense que tout lui est dû: s’attend sans raison à bénéficier d’un
traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient
automatiquement satisfaits. Exploite l’autre dans les relations interpersonnelles.
Voilà donc ce à quoi étaient confrontés ceux qui
avaient le malheur de croiser Monsieur Salvail.
De nombreuses victimes affirment qu’elles ne pouvaient pas porter
plainte de peur de représailles. Soit, c’est une explication, mais il y
a aussi le phénomène du syndrome de Stockholm qu’il est temps
d’expliquer. Il s’agit d’un phénomène psychologique observé chez
des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs
geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie, de contagion
émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes
d’identification et de survie. Le syndrome de Stockholm
peut être vu comme une manifestation inconsciente de survie: le
sujet concerné, en s’attirant la sympathie de l’agresseur, peut se
croire partiellement hors de danger, voire susceptible d’influencer
les émotions de l’agresseur. C’est en fait surtout de sa propre
angoisse que le sujet se protège, car le danger est toujours réel.
Il est donc facile de comprendre que certaines victimes ont pu être
sujettes à ce syndrome et c’est ce qui explique qu’avec le temps,
plusieurs se libèrent et portent ouvertement des accusations.

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