
Éditorial par Roger-Luc Chayer (Image : Luc Ferrandez – Conseil d’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal)
Une vidéo choc refait surface à Montréal
Hier, une vidéo a refait surface sur les réseaux sociaux, notamment sur la page Facebook de Daniel Matte, militant du parti Ensemble Montréal présidé par Soraya Martinez Ferrada. À quelques jours de l’élection municipale opposant Ensemble Montréal et Projet Montréal, cette vidéo provoque un véritable choc lorsqu’on écoute les propos de l’animateur de radio Luc Ferrandez, alors qu’il était à l’époque maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.
Les Montréalais confrontés aux entraves et fermetures de rues
Les usagers du réseau routier montréalais, qu’ils viennent de la grande région de Montréal ou d’ailleurs au pays, sont malheureusement confrontés à de nombreuses situations problématiques, entraves et fermetures continues de rues. Selon l’actuelle mairesse de la ville Valérie Plante — du même parti que Luc Ferrandez — ces travaux seraient nécessaires, les administrations précédentes n’ayant pas accompli leur travail, et ces entraves, qui apparaissent par milliers depuis huit ans, seraient indispensables pour la sécurité des cyclistes et des piétons. Quant aux automobilistes, ils n’auraient qu’à « se lécher la patte ».
Lettre d’amour à la ville : le documentaire de Luc Ferrandez
En 2022, Luc Ferrandez est à l’origine du documentaire « Lettre d’amour à la ville », produit par la société de production Zone 3 (diffusé sur Télé-Québec), qui traite de la ville, de la responsabilité citoyenne, de la crise du logement et des pistes de solution pour l’avenir des sociétés urbaines. À la lecture de ce qui suit, il devient difficile de blâmer les Montréalais pour leur cynisme envers leurs élus.
Une vidéo du passé révèle enfin la vérité
Dans la vidéo diffusée par Daniel Matte, militant du parti opposé à celui de Luc Ferrandez pour les élections municipales de 2025, Ferrandez explique et révèle enfin le plan machiavélique, mis en œuvre par Projet Montréal pour nuire volontairement aux automobilistes, tout en contredisant les déclarations faites au cours des huit dernières années par l’actuelle mairesse Valérie Plante.
Verbatim des propos de Luc Ferrandez
“Il faut nuire à la possession de la voiture individuelle, il faut nuire à l’utilisation de la voiture au centre-ville. Et la congestion est une solution. Rendre la vie difficile aux automobilistes est une des solutions. Alors, lorsqu’on fait ça, on le fait en pleine connaissance de cause. On se dit, on va retirer la voiture de là où elle nuit le plus, autour des parcs, autour des écoles, dans les parcs, et puis, elle va aller ailleurs. Puis dans le ailleurs, ça va devenir moins confortable. Il faut rétrécir ces rues, il faut les rendre plus étroites, il faut mettre des dos dents, il faut mettre plus de feux de circulation. Puis après, si ça ne suffit pas, il faut aller encore plus loin.” Et nous savons tous aujourd’hui ce que “plus loin” signifie, vu l’état actuel de la ville.
La vidéo intégrale est disponible ici.
Réaction d’un Montréalais et journaliste
En tant que Montréalais et journaliste, je n’aurais jamais pu espérer assister à une telle admission d’un crime contre la ville, surtout après avoir réalisé un documentaire célébrant son amour pour celle-ci. Ce type d’« amour » est toxique et, dans les relations entre personnes — qu’on mette de côté l’élu ou l’animateur radio — un tel comportement est le signe d’une profonde dysfonction.
Ce qui m’insulte au plus haut point, comme Montréalais et éditeur d’un groupe média, c’est que j’ai croisé monsieur Ferrandez en personne alors qu’il rencontrait les citoyens pour se faire réélire. J’étais en train de distribuer le magazine Gay Globe et, rendu à l’intersection des rues Boyer et Mont-Royal, me rendant à l’épicerie Intermarché Boyer, Ferrandez parlait à des citoyens le sourire aux lèvres. Je me suis alors approché et lui ai parlé des nombreuses entraves du Plateau-Mont-Royal qui me compliquaient la vie avec la livraison, que des rues étaient fermées, détournées, qu’elles ne débouchaient nulle part et que je devais même rouler dans les ruelles pour être capable de sortir du Plateau-Mont-Royal, et il m’avait répondu qu’il entendait très bien mes commentaires et qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire pour régler la situation. Ce jour-là, à cet instant précis, est-ce qu’il m’avait menti ?
Montréalais, aux urnes !
Le 2 novembre prochain, les Montréalais auront le choix entre offrir un troisième mandat à Projet Montréal, cette fois sous la direction d’un nouveau chef, Luc Rabouin, qui a d’ailleurs promis d’aller encore plus loin que Valérie Plante et de poursuivre son œuvre, ou bien donner un mandat à Soraya Martinez Ferrada d’Ensemble Montréal, afin de mettre un terme à une administration qui a divisé les Montréalais et n’a servi qu’un seul maître : le saint-vélo et ses voies célestes cyclables.
Qui est Luc Ferrandez en bref ?
(Selon Wikipédia) Luc Ferrandez est né le 7 août 1962 à Montréal. Il est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal, puis a effectué un troisième cycle en politiques économiques à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Avant son entrée en politique, il a exercé différentes fonctions dans le domaine de la communication et du conseil : directeur des communications chez CAE Électronique, conseiller principal en communication chez Hydro‑Québec, chercheur au sein d’un laboratoire du CNRS spécialisé sur les questions environnementales, puis consultant en management et gestion du changement pendant environ dix ans.
Sur le plan politique, Luc Ferrandez s’est fait élire maire du Plateau‑Mont‑Royal, à Montréal, lors des élections de 2009, obtenant environ 44,8 % des voix. Son premier mandat a été marqué par des initiatives pour réduire la circulation automobile, notamment par l’inversion du sens de certaines rues, et par des mesures de verdissement, d’aménagement urbain ainsi que le rétablissement de la santé financière de l’arrondissement. En 2013, il se fait réélire avec environ 51,3 % des voix, puis de nouveau en 2017 avec un résultat encore plus élevé — environ 65,7 % — malgré des critiques émanant de certains commerçants et résidents, qui estimaient que les nouvelles contraintes de circulation et de stationnement imposées par les politiques d’aménagement étaient trop lourdes.
Pendant ses mandats, Ferrandez a encouragé la création de pistes cyclables protégées, d’espaces piétonniers, la rénovation de parcs de quartier, la création d’une trentaine de ruelles vertes, la plantation de 2 500 arbres et l’embellissement de rues résidentielles ou commerçantes. Il a aussi été impliqué dans des dossiers d’envergure à l’échelle de la Ville de Montréal, notamment après l’élection de Valérie Plante : il a été chargé du dossier des grands parcs au sein du comité exécutif de la ville, s’occupant du réaménagement de la rue Notre‑Dame, de la protection du Mont Royal, de l’élaboration de la charte du piéton et de la construction d’un projet résidentiel majeur, la Porte Sainte‑Marie.
Au niveau du parti, Luc Ferrandez appartient au parti municipal Projet Montréal. Après le départ de l’ancien chef, il a assumé la fonction de chef intérimaire et chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal à partir du 27 octobre 2014 jusqu’au 3 novembre 2016. Il a ensuite cédé la présidence du parti à Valérie Plante. Il est reconnu pour un style de communication direct et une volonté affirmée de tenir ses promesses électorales.
Le 14 mai 2019, Luc Ferrandez démissionne de son poste de maire d’arrondissement du Plateau‑Mont‑Royal. Il explique cette décision par son sentiment que l’administration de Valérie Plante ne prenait pas suffisamment au sérieux l’urgence climatique et les questions environnementales. Il évoque une « impression d’imposture », estimant que sa présence dans l’équipe risquait de donner une image trompeuse de l’efficacité de l’action écologique municipale et qu’il souhaitait inciter son parti à regagner la confiance de l’électorat qu’il représentait.
Après son retrait de la vie politique municipale, Luc Ferrandez rejoint la radio : en mai 2019, il devient animateur au sein de la station montréalaise 98.5 FM dans l’émission matinale animée par Paul Arcand. Il a d’abord coanimé « La Commission Ferrandez‑Taillefer » avec Alexandre Taillefer, puis « Commission Ferrandez‑Ravary » avec Lise Ravary. En 2021, il forme le duo « La Commission Normandeau‑Ferrandez » avec Nathalie Normandeau. En 2022, il devient animateur de l’émission « Sans réserve ». En 2023, cette émission du midi se transforme en « La Commission », coanimée avec Nathalie Normandeau. Son émission connaît un succès constant, le 98.5 FM conservant la première place des parts de marché dans sa plage horaire. En mai 2025, il est cependant au centre d’une controverse pour avoir proposé d’« euthanasier des personnes handicapées », proposition qu’il a ensuite présentée comme une erreur et dont il s’est excusé.
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