TÊTU: LE 3ÈME RETOUR EN PAPIER!

France Soir

Il va faire son retour dans les kiosques: le magazine Têtu, dédié à la communauté homosexuelle, a trouvé de nouveaux actionnaires et va donc connaître une renaissance, alors que la dernière version a été liquidée en février 2018. Un pari audacieux pour les investisseurs, le magazine étant chroniquement déficitaire en plus de 20 ans d’existence, un signe qu’aucun éditeur de presse n’a réussi à rentabiliser le marché, réel ou supposé, du lectorat gay.

Derrière la SAS Têtu Ventures, et son patron Albin Serviant, quelques noms connus du monde des start-up ou des médias. Ont ainsi participé au tour de table Marie Ekeland, l’éphémère présidente du Conseil national du numérique, Cyril Chapuy (L’Oréal Luxe), Marc Hernandez, le fondateur de Villa Mederic, ou le journaliste Marc-Olivier Fogiel.

Et quid de la ligne éditoriale et du modèle? Un site Internet pensé comme une «plateforme numérique» qui sera tournée vers la vidéo, les podcasts et les réseaux sociaux, le tout encadrant un magazine papier trimestriel avec un objectif de tirage de 40.000 exemplaires à la fin de l’année. Un objectif audacieux.

Car Têtu est un défi dans le monde de la presse que personne n’a su relever. Le titre, fondé en 1995, avait rapidement acquis un statut à part dans le paysage médiatique français, étant le seul titre de premier plan à ne pas aborder les questions liées à l’homosexualité sous l’angle de l’érotisme (bien que cette image lui a parfois collé, à tort, à la peau). Ses pages ont notamment accueilli fréquemment, en période électorale, des interviews politiques. Mais le magazine n’a jamais été rentable.

Pendant 18 ans, son fondateur, le millionnaire Pierre Bergé renflouait le titre, avant de finalement le céder en 2013 à Jean-Jacques Augier. Un homme d’affaires ouvertement homosexuel, proche de François Hollande (il est issu lui aussi de la fameuse «promotion Voltaire» à l’ENA), et cité dans le scandale des Offshore Leaks pour ses investissements aux îles Caïmans. Deux ans après cette reprise, le titre a fini de s’effondrer et le papier a disparu. L’entreprise a été rachetée par iDyls, une start-up qui éditait jusque-là un site de rencontres et de sorties baptisé «So Têtu». IDyls lancera une levée de fonds pour ressusciter la version papier, avec un premier numéro début 2017 proposant une interview d’Emmanuel Macron dans lequel celui qui n’était pas encore président annonçait ne pas être homosexuel.