Collaboration spéciale: Jean-Sébastien Bourré
Ayant eu la chance de m’impliquer comme militant au sein des communautés LGBT+ au cours des dernières années, j’ai été à même d’observer différentes facettes du milieu communautaire. Mon principal constat : le milieu communautaire est loin d’être gai! Si, au départ, le rassemblement devait être inclusif, parlant de « communauté LGBT+ », il faut désormais reconnaître que nous formons plusieurs clans qui ne voient pas le combat d’un même œil et ne s’entendent plus sur les revendications à défendre et à porter publiquement. Comment expliquer ces divisions au sein des troupes? En grande partie par la violence internalisée, la compétition entre les différents organismes et les discours victimaires qui ne tiennent pas compte des avancées.
De plus, quiconque tente de fonder un nouvel organisme pour faire une différence positive dans son milieu de vie ne reçoit pas les honneurs d’un comité d’accueil bienveillant : on lui fait la guerre. Pourquoi ne pas s’allier et faire preuve de plus de respect les uns envers les autres? Pourquoi semble-t-il nécessaire de détruire les initiatives des autres et de leur nuire? Parce qu’elles doivent protéger les subventions qui les font vivre! J’ai remarqué que certains organismes les tiennent pour acquises, ces subventions. Il n’y a qu’à regarder les octrois des dernières années d’un certain organisme gouvernemental dédié aux causes LGBT+ pour comprendre que la roue ne tourne pas souvent et que ce sont toujours les mêmes qui obtiennent les gros sous. Ayant rencontré plusieurs députés du précédent gouvernement, entre 2014 et 2018, j’avais appris que les tables de concertation portant sur l’homophobie et la transphobie, qui réunissent de nombreux organismes communautaires du milieu LGBT+, ressemblent davantage à des garderies.
Chacun joue du coude avec les autres pour être le plus fort et faire passer son agenda. Pourtant, chacun a un dessein semblable à celui des autres! Nous avons tous les mêmes objectifs pour nos communautés! C’est à se demander comment certains sont devenus si pointilleux et ont pu refermer autant leurs esprits, tandis qu’ils demandent plus d’ouverture au reste de la société à leur égard… Est-ce vraiment de cette façon que nous voulons parvenir à nos fins? Qui plus est, est-ce de cette façon que nous voulons être représentés et perçus? Maintenant que nos combats ont percé la majorité composée de personnes hétérosexuelles et cisgenres, la façon de porter le message doit changer.
D’abord, cessons de nous victimiser constamment. Oui, il arrive des situations qu’il faut dénoncer. Il faut soutenir ceux qui ont besoin d’aide. Par contre, il faut reconnaître que des choses vont bien et tabler là-dessus. Ensuite, j’aimerais voir plus de collaboration entre ces organismes et plus de respect pour le travail des autres. Un organisme dans lequel je m’implique – pas étiqueté LGBT+ par choix – l’a compris depuis longtemps et n’aborde plus les problématiques pour lesquelles il a été fondé de façon négative. Son message public a changé au fil des ans. Ce même organisme valorise le travail de partenariat et ne croit pas au travail en silos. Nos milieux communautaires LGBT+, ceux que le grand public voit comme nos représentants immédiats, gagneraient à faire de la place aux autres et à valoriser les initiatives des outsiders. Le vent de fraîcheur ne vient certainement pas d’extrémistes qui ont pris plus de place et de pouvoir au cours des dernières années. Ceux-ci ne sont pas, non plus, la norme à suivre. Et si nous redevenions une communauté unie? Il en va de la survie de nos communautés.