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En 50 avant J.-C., toute la Gaule est occupée par les Romains, à l’exception d’un petit village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. La force surhumaine des irréductibles Gaulois amène un centurion à s’interroger sur leur nature divine présumée. Informé, Jules César demeure incrédule mais certains de ses conseillers reprennent ces rumeurs à leur compte. Le dictateur romain décide alors de trancher la question en lançant un défi au chef Abraracourcix : afin de démontrer qu’ils sont bien des dieux, les Gaulois devront remporter une série de douze épreuves lointainement inspirées par les travaux du demi-dieu Hercule. S’ils réussissent, César leur promet de s’avouer vaincu mais s’ils perdent une seule de ces épreuves, le village entier devra se soumettre à l’autorité de Rome. Abraracourcix accepte, puis désigne Astérix et Obélix comme ses champions. César leur dépêche un arbitre intègre dénommé Caius Pupus, homme de petite taille à la démarche de pigeon.
La première épreuve consiste à battre Mérinos le Grec, athlète olympique originaire de Marathon, lors d’une course à pied. Grâce à la potion magique, Astérix rattrape sans effort apparent son adversaire, en prenant le temps de cueillir des fleurs et des champignons sur le parcours. En réaction, Mérinos accélère et franchit le mur du son mais emporté par son élan, il percute un pommier, d’où résulte une nette amélioration de son profil grec, à en croire Obélix1.
La deuxième épreuve exige de lancer un javelot plus loin que Kermès, un Perse au bras droit hypertrophié musculairement. D’un geste vigoureux, ce champion envoie son javelot se ficher jusqu’en Amérique, exploit qui déterre accidentellement la hache de guerre chez les Amérindiens. À son tour, Obélix lance le javelot si fort que le projectile fait le tour complet de la Terre avant de surgir en trombe derrière le Perse qui s’enfuit précipitamment, poursuivi par l’arme de jet2.
Pour réussir la troisième épreuve, il faut remporter un combat contre Cylindric le Germain. D’apparence peu impressionnante, ce petit homme vêtu d’un kimono n’en surclasse pas moins Obélix grâce à sa maîtrise du judo. Privilégiant la ruse à l’attaque frontale, Astérix demande à Cylindric de lui enseigner cet étonnant art martial. Le Germain se plie courtoisement à sa requête, tant et si bien que le Gaulois parvient à vaincre son adversaire trop bon pédagogue3.
La quatrième épreuve consiste à traverser un lac sans finir volontairement ses jours sur une île enchanteresse habitée par les prêtresses du plaisir. Leur havre paradisiaque renferme tout ce qu’un homme peut désirer, excepté des sangliers, au grand dam d’Obélix qui s’en plaint vivement, provoquant en retour le courroux des bacchantes. Chassé de l’Île du plaisir, le livreur de menhirs retrouve ses esprits et interpelle Astérix pour qu’il le rejoigne à la nage, l’empêchant ainsi de succomber au charme langoureux de la grande prêtresse.
Au cours de la cinquième épreuve, Astérix doit soutenir l’insoutenable regard d’Iris, un mage égyptien capable de persuader les gens de se conduire comme des animaux4. Cet hypnotiseur est très vite décontenancé par les interruptions du petit Gaulois qui le questionne sans relâche au sujet de ses yeux lumineux (« Vous pouvez en allumer un seul à la fois ? »). En dernier ressort, l’Égyptien lui intime l’ordre de répéter : « Je suis un sanglier, je suis un sanglier ! ». Astérix reformule alors cette suggestion (« Tu es un sanglier, tu es un sanglier ! ») de sorte qu’Iris finit par s’auto-hypnotiser avant de déguerpir à quatre pattes.
La sixième épreuve se résume à manger entièrement le repas préparé par Mannekenpix le Belge, le cuisinier des Titans. Ce défi sied parfaitement à Obélix, dont l’appétit a été aiguisé par toutes les allusions aux sangliers lors de l’épreuve précédente (d’autant plus qu’il est midi douze). Le livreur de menhirs dévore successivement : un sanglier garni de « pommes qui poussent dans la terre », une volée d’oies, un troupeau de moutons, une omelette de huit douzaines d’œufs, un banc entier de poissons, un bœuf, une vache et deux veaux (« Oui, parce que séparer les familles, ça y faut pas faire, hein ! », précise charitablement le cuisinier), une montagne de caviar (avec son petit toast), un chameau farci, un éléphant fourré aux olives, etc. Il ne reste finalement plus de provisions à Mannekenpix qui, effondré, se résigne à fermer boutique. Non rassasié pour autant, Obélix se plaint que le chef l’ait « laissé tomber juste après les hors-d’œuvre ».
Pour la septième épreuve, il faut pénétrer dans « l’antre de la Bête », une caverne sinistre qui abrite une créature inconnue, et parvenir à en sortir. Imperturbables, Astérix et Obélix se rendent dans la grotte. Ils y croisent d’étranges oiseaux aux ailes membraneuses, assistent à une partie spectrale de tennis jouée avec un crâne, rencontrent une apparition fantomatique malpolie, puis se retrouvent un court instant dans la station de métro Alésia avant d’être replongés dans l’obscurité. Le grondement de la Bête résonne juste après que les gargouillements du ventre d’Obélix aient indiqué l’heure du repas (midi douze, pour mémoire). À la suite d’une ellipse, nos deux héros rejoignent Caius Pupus à la terrasse d’une auberge. Curieux de connaître l’apparence du monstre, l’arbitre romain leur demande : « La Bête, elle était comment ? », ce à quoi Obélix répond candidement qu’« elle était bonne » avant de se commander un digestif5.
Lors de la huitième épreuve, Astérix et Obélix sont tenus de se procurer le laissez-passer A-38 dans la « maison qui rend fou ». Ce dédale bureaucratique courtelinesque6 abrite un réceptionniste sourd, des commis procéduriers et des secrétaires jacasseuses qui redirigent sans cesse les deux Gaulois d’un bureau à l’autre, prolongeant à loisir les interminables démarches nécessaires à l’obtention du laissez-passer en question. Après avoir calmé Obélix, victime d’une violente crise de nerfs, Astérix décide de prendre les ronds-de-cuir à leur propre jeu en requérant un imaginaire laissez-passer « A-39 » en application d’une circulaire « B-65 » pareillement fantaisiste. Le personnel administratif se met en quête du document inexistant, amorce d’une fièvre collective qui détraque la lourde machine bureaucratique en faisant sombrer l’ensemble des fonctionnaires dans la folie7. Au bout du compte, désireux de ramener l’ordre dans les bureaux, le Préfet romain accorde le laissez-passer A-38 aux Gaulois, puis leur somme de quitter les lieux, avant de perdre lui-même la raison en réalisant après coup la portée de son geste. Un conseiller prévient ensuite César du succès d’Astérix et Obélix, en ajoutant qu’« Hercule lui-même » n’aurait jamais réussi une épreuve pareille8.
La neuvième épreuve en appelle à l’agilité des deux Gaulois, qui doivent franchir un ravin en marchant sur un fil invisible suspendu au-dessus des crocodiles du Nil. Au milieu de la traversée, Astérix et Obélix perdent l’équilibre et choisissent finalement de se laisser tomber pour affronter les reptiles, qu’ils expédient à leur tour sur le fil invisible9.
La dixième épreuve contraint Astérix et Obélix à escalader les pentes abruptes d’une imposante montagne enneigée pour aller résoudre l’énigme du « Vénérable du sommet ». Ce dernier défie Astérix, les yeux bandés, de reconnaître quelle pile de linge a été lavée avec « Olympe, la lessive des Dieux ». Lorsque le Gaulois désigne la pile appropriée en décelant sa douceur et sa souplesse distinctives, le Vénérable abandonne son attitude hiératique pour vanter gaillardement les mérites du produit sur fond de jingle10, avant de prendre à témoin les dieux du panthéon romain.
Pour la onzième et avant-dernière épreuve, les Gaulois doivent passer la nuit dans la plaine des Trépassés. Or l’endroit est peu propice au repos car il demeure hanté par les fantômes de légionnaires tués au combat. Nullement effrayé, Obélix se démène en vain pour assommer les revenants immatériels et leur officier, à tel point que le tapage nocturne réveille Astérix. Épuisé et furieux, le petit Gaulois gourmande le centurion spectral (« Vous savez l’heure qu’il est ?!? ») et lui intime vertement le silence. L’ectoplasme disparaît, épouvanté par ces manières peu amènes.
Enfin, la douzième et dernière épreuve consiste à participer et survivre aux jeux du cirque. Bien à propos, les deux héros se réveillent inexplicablement devant le palais de Jules César à Rome. Ils y retrouvent tous les membres de leur village, conviés à combattre dans l’arène du cirque Maxime. Non contents de vaincre les gladiateurs, les Gaulois inventent le cirque moderne en offrant au public romain un grand spectacle avec des numéros de clowns, de jonglerie et des tours de magie, sans oublier le dressage et le domptage des fauves initialement voués à les dévorer.
César admet la divinité des irréductibles Gaulois et les coiffe de sa couronne de laurier, leur cédant le pouvoir sur la République romaine. Il se retire ensuite dans une paisible villégiature avec la reine Cléopâtre. En récompense de ses services, l’honnête Caius Pupus prend sa retraite sur l’Île du plaisir. Tandis que les Gaulois fêtent leur réussite autour d’un banquet, Obélix demande s’ils sont vraiment devenus les « maîtres de Rome », ce à quoi Astérix rétorque plaisamment qu’il s’agit d’un dessin animé et que tout est permis. Enchanté, Obélix se téléporte alors sur l’Île du plaisir12 pour y déguster son sanglier et tomber dans les bras de la grande prêtresse.