De la guerre à l’hégémonie : Les erreurs de Trump sur l’armée et l’histoire mondiale

Image victoire des alliés

Roger-Luc Chayer (Image: IA / Gay Globe)

Encore une fois, le président des États-Unis, Donald Trump, a démontré son ignorance de l’histoire de son propre pays. Lors d’une conférence de presse plus tôt cette semaine, il a reproché au Japon de demander la protection des États-Unis sans que le pays ne soit prêt, selon lui, à venir en aide à l’Amérique en cas d’attaque.

Cette déclaration, en plus d’être absurde, est profondément insultante pour le Japon, un allié proche des États-Unis. Elle reflète un mépris de l’histoire qui ne peut découler que de l’ignorance de Donald Trump et de son entourage, qui semble peu enclin à le corriger.

Voici quelques faits historiques :

Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l’attaque de plusieurs pays d’Europe par l’Allemagne, suivie de l’Italie, les États-Unis sont entrés en guerre aux côtés de leurs alliés environ un an plus tard. Au plus fort du conflit, les Alliés étaient très présents non seulement en Europe, mais aussi en Asie, puisque le Japon avait profité des troubles en Europe pour attaquer les États-Unis à Pearl Harbor, à Hawaï.

Nous connaissons tous l’issue de cette guerre : les Alliés ont été victorieux contre les forces de l’Axe — le Japon, l’Allemagne et l’Italie — mais aussi contre d’autres nations moins connues qui avaient rejoint cette alliance dont la Hongrie (régime de Miklós Horthy, puis gouvernement pro-nazi à partir de 1944), la Roumanie (sous Ion Antonescu), la Bulgarie (alliée de l’Axe, mais sans déclarer la guerre à l’URSS), la Slovaquie (État satellite sous Jozef Tiso), la Croatie (État indépendant de Croatie, un régime fantoche soutenu par l’Allemagne et l’Italie), la Finlande (en guerre contre l’URSS dans ce qu’on appelle la Guerre de Continuation, mais n’était pas officiellement membre de l’Axe)

Selon mes recherches historiques, l’Autriche était une exception dans les forces de l’axe. L’Autriche n’était pas officiellement un pays nazi, mais elle a été annexée par l’Allemagne nazie en 1938 lors de l’Anschluss. Cet événement a marqué l’intégration de l’Autriche au Troisième Reich, faisant du pays une partie de l’Allemagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945.

Sur le plan politique, après l’Anschluss, l’Autriche a cessé d’exister en tant qu’État indépendant. Beaucoup d’Autrichiens ont soutenu cette annexion à l’époque, mais d’autres s’y sont opposés, parfois au prix de leur vie.

Après la guerre, l’Autriche a adopté la position de « première victime du nazisme », argumentant que le pays avait été envahi et occupé. Cette interprétation a été en partie acceptée par les Alliés, permettant à l’Autriche de se reconstruire sans porter l’entière responsabilité du régime nazi.

Cependant, la réalité est plus complexe : des Autrichiens ont occupé des postes clés dans le régime nazi et ont participé activement aux crimes du Troisième Reich. Par exemple, Adolf Eichmann, un des principaux architectes de la « Solution finale », était Autrichien.

La victoire américaine et les conditions de la reddition

Et c’est ici que Donald Trump se trompe, ment ou fait simplement preuve d’ignorance historique. Les États-Unis, grands vainqueurs contre les forces de l’Axe en Europe et en Asie, ne souhaitaient absolument pas que les pays à l’origine de cette guerre meurtrière — non seulement pour les soldats, mais aussi pour des millions de civils, dont les Juifs victimes de l’Holocauste — puissent se remilitariser. Les Alliés, avec les États-Unis, ont donc imposé de nouvelles constitutions à l’Allemagne, à l’Italie et au Japon, interdisant à ces pays de reconstituer une armée offensive et les plaçant sous la protection américaine en échange de leur reconstruction.

C’est ce qui s’est produit. L’Europe et le Japon se sont reconstruits sans pouvoir développer des armées dignes de ce nom. Au mieux, ils pouvaient constituer une force de défense, mais qui ne pouvait intervenir qu’à l’intérieur de leurs frontières. Pendant ce temps, les États-Unis prenaient le contrôle de la défense de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon et de nombreux autres pays en déployant des bases militaires partout dans le monde.

Selon Wikipédia, les États-Unis maintiennent environ 800 bases militaires dans 177 pays à travers le monde. La majorité de ces installations se trouvent en Europe, notamment en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. En dehors de l’Europe, des pays comme le Japon, la Corée du Sud et le Bahreïn accueillent également un nombre significatif de bases américaines.

Les débuts d’une hégémonie voulue

Pour qu’une nation soit puissante, il faut que d’autres nations soient plus faibles, et cela a clairement été le souhait des États-Unis. Ce sont les États-Unis qui ont forcé les pays perdants de la Seconde Guerre mondiale à être faibles militairement afin de maintenir leur emprise sur eux.

En même temps, l’Europe s’est reconstruite de manière moderne, son économie a été unifiée au sein d’une communauté économique, suivie d’une union économique majeure, et il en a été de même pour le Japon, qui est devenu une superpuissance économique importante. Plusieurs pays européens vainqueurs ont développé leurs armées de manière importante, comme la France, la Grande-Bretagne, les pays nordiques, la Turquie, etc. Puisque leurs constitutions ne comportaient aucune limite, d’où la nucléarisation de la France et de la Grande-Bretagne.

Le but des Alliés était également de ne plus permettre aux pays défaits de s’en prendre à nouveau à leurs populations, comme en Allemagne avec les Juifs et les triangles roses pour les homosexuels, en Italie toujours avec les Juifs et les homosexuels, et au Japon contre les peuples des pays occupés.

Constitution de l’Allemagne d’après-guerre

La Constitution de l’Allemagne d’après-guerre, connue sous le nom de Loi fondamentale (Grundgesetz), adoptée en 1949, interdisait initialement la création d’une armée permanente. Le pays, profondément marqué par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, devait se concentrer sur la paix et la reconstruction. Cependant, cet interdiction a été modifiée dans les années 1950, lorsque la menace du communisme pendant la guerre froide a conduit à la création de la Bundeswehr en 1955, une armée nationale sous contrôle démocratique.

Constitution de l’Italie d’après-guerre

La Constitution de l’Italie d’après-guerre, adoptée en 1948, ne prohibait pas explicitement la création d’une armée. Toutefois, elle inscrivait la défense nationale comme un devoir, tout en soulignant l’importance de la paix. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie, qui avait été alliée de l’Allemagne fasciste, a démantelé son ancienne armée. Cependant, le pays a progressivement rétabli ses forces armées dans le cadre d’alliances internationales, notamment en rejoignant l’OTAN en 1949, avec des restrictions et un engagement envers la paix.

Constitution du Japon d’après-guerre

La Constitution du Japon d’après-guerre, adoptée en 1947, interdisait explicitement la constitution d’une armée. L’article 9 stipule que le Japon renonce à la guerre comme moyen de résoudre les conflits internationaux et interdit le maintien de forces armées. Cette clause a été imposée JUSTEMENT par les forces d’occupation américaines après la défaite du Japon en 1945. Cependant, avec le temps, le Japon a maintenu une force d’autodéfense, la Japan Self-Defense Forces (JSDF), malgré l’interdiction théorique d’une armée offensive.

Quand Trump se trompe !

Que cela soit volontaire ou non, induire le peuple américain en erreur en affirmant que plusieurs pays ne maintiennent pas d’armées plus fortes et abusent des États-Unis pour leur protection est totalement faux et n’est soutenu par aucun fait historique.

Même aujourd’hui, si ces pays souhaitaient modifier leurs constitutions pour permettre la constitution d’armées beaucoup plus puissantes afin de contribuer à la protection des alliés dans le monde, cela nécessiterait certainement l’accord des États-Unis.

La semaine dernière, le Japon déplorait de ne pas pouvoir contribuer de manière plus importante aux objectifs de l’OTAN. La réponse de Donald Trump a été de les traiter d’abuseurs des bonnes grâces des États-Unis. Cela est déplorable !

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