Le sélénium peut-il être efficace contre le VIH ?

Laboratoire médical

Roger-Luc Chayer et Carle Jasmin (Image: IA – Gay Globe)

Il y a plus de 25 ans, dans les premières années de la pandémie du VIH, les laboratoires médicaux et les centres de recherche testaient des centaines de molécules pour déterminer lesquelles pouvaient avoir un effet sur le virus du VIH. Il est important de rappeler qu’au début de l’épidémie, aucun traitement n’existait et les médecins ignoraient même qu’il s’agissait d’un virus. Nous partions donc de très loin.

En plus d’expérimenter avec des médicaments déjà existants pour traiter les infections ou le cancer, de nombreuses autres molécules et vitamines ont été étudiées, dont le sélénium, un minéral essentiel à la santé humaine.

Selon Santé Canada, « On trouve le sélénium à l’état naturel dans l’environnement. Il s’agit d’une substance présente dans la croûte terrestre et dans certains minéraux. Le sélénium se trouve aussi dans des produits de santé naturels communs, notamment :

  • les shampooings antipelliculaires
  • les multivitamines et les suppléments minéraux

Le sélénium est également présent dans certains aliments, notamment :

  • les noix
  • les poissons et les fruits de mer
  • les produits céréaliers, y compris :
    • la farine
    • les céréales
    • le pain
    • les produits de boulangerie
  • les abats et les viandes musculaires, y compris :
    • le foie
    • le cœur
  • certains aliments autochtones traditionnels, notamment la viande des mammifères marins

Le sélénium est un nutriment essentiel à la santé humaine. La majeure partie des Canadiens consomment le sélénium dont ils ont besoin en ayant de saines habitudes alimentaires.

Une exposition à des concentrations élevées de sélénium peut entraîner :

  • la perte de cheveux
  • la faiblesse musculaire
  • une haleine rappelant l’odeur de l’ail
  • l’affaiblissement des fonctions cérébrales
  • la perte et la déformation des ongles
  • les troubles de l’estomac et intestinaux

Le recherche portant sur les effets du sélénium sur le VIH

Plusieurs études réalisées au cours des 30 dernières années démontrent des effets certains et très positifs du sélénium sur le VIH. Dans l’étude intitulée « Le rôle du sélénium dans l’infection au VIH » publiée par Oxford Academic, il est conclu que « La supplémentation en sélénium reste une thérapie complémentaire potentielle contre le VIH, mais dont le rôle clinique sera défini par de futures recherches qui devront répondre à certaines des principales réserves qui subsistent. Des essais cliniques ont rapporté certains risques d’augmentation de l’excrétion virale avec la supplémentation, mais également des bénéfices tels que la réduction des hospitalisations, une meilleure suppression de la charge virale, une augmentation du nombre de cellules T CD4+, et une diminution du risque de diarrhée. »

Dans la recherche « Supplémentation en sélénium chez les personnes infectées par le VIH » de la National Institutes of Health des États-Unis, on déclare que « Nous avons trouvé certaines preuves cliniques indiquant que la supplémentation en sélénium peut ralentir la diminution des cellules CD4 chez les patients infectés par le VIH, retardant ainsi l’apparition du SIDA. Cependant, nous n’avons pas trouvé de preuves quantifiables que la supplémentation en sélénium supprime ou réduit la charge virale du VIH. »

Une autre recherche de l’Université Harvard titrée « Une combinaison de multivitamines et de sélénium pourrait retarder la détérioration de la santé et la mortalité liées au SIDA » arrive à des conclusions encore plus intéressantes. On y dit que « Une nouvelle étude, coécrite par des chercheurs de la Harvard School of Public Health (HSPH), suggère qu’une préparation spéciale de multivitamines incluant du sélénium peut ralentir de manière significative la progression vers une détérioration de la santé ou la mort chez les personnes infectées par le VIH. Les résultats sont potentiellement révolutionnaires. Si nous pouvons ralentir la progression vers le SIDA avec une préparation spéciale de multivitamines, cela pourrait sauver de nombreuses vies à un coût modique. Les résultats ont montré que les personnes qui prenaient quotidiennement des multivitamines avec du sélénium avaient un risque réduit d’environ 50 % de voir leur santé se détériorer ou de mourir du SIDA sur une période de 24 mois. Ce groupe présentait également des taux de CD4 plus élevés, un signe d’un système immunitaire en meilleure santé. »

Conclusion

Il semble donc que le sélénium, pris dans le cadre d’une thérapie multivitaminique supervisée par un médecin, pourrait avoir des effets très positifs sur la charge virale et le système immunitaire des personnes atteintes du VIH, même en phase de SIDA. Avant de commencer un tel traitement, il est impératif de consulter son médecin traitant afin de déterminer si le sélénium pourrait avoir des effets néfastes en interaction avec les autres traitements suivis par le patient.

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