
Chad G. Peters (Image: Histoire itinérante)
L’histoire de l’homosexualité en Nouvelle-France, la colonie française qui s’étendait sur une grande partie de l’Amérique du Nord du 16e au 18e siècle, est un sujet complexe et largement méconnu. Les récits de cette période sont rares, mais ils offrent un aperçu fascinant des relations de même sexe dans un contexte colonial et de la manière dont elles étaient perçues et traitées à l’époque.
Contexte Historique
La Nouvelle-France a été fondée au début du 16e siècle, lorsque les explorateurs français ont commencé à établir des colonies en Amérique du Nord, notamment au Québec, en Acadie (Nouveau-Brunswick actuel), en Louisiane (sud des États-Unis actuels), et ailleurs. Cette période coloniale était caractérisée par une grande variété de cultures et de traditions, y compris les attitudes envers la sexualité et les relations de même sexe.
Compréhension de l’Homosexualité à l’Époque
Il est important de noter que les notions modernes d’homosexualité et d’identité LGBTQ+ n’existaient pas en Nouvelle-France. Les relations de même sexe étaient généralement considérées en fonction de leur conformité aux normes sociales, religieuses et morales de l’époque. Les comportements sexuels étaient réglementés par l’Église catholique et soumis à un contrôle strict.
Les Réalités des Relations de Même Sexe
Les preuves directes d’homosexualité en Nouvelle-France sont rares, mais il existe des récits et des documents qui suggèrent l’existence de relations de même sexe. Par exemple, des cas de « boston marriages » ou « mariages bostoniens » ont été enregistrés, où deux femmes vivaient ensemble, partageaient des biens et étaient socialement reconnues comme un couple, bien que leur relation puisse ne pas nécessairement inclure des éléments romantiques ou sexuels.
Des rapports font également état de femmes qui s’habillaient en hommes pour servir dans l’armée ou exercer des professions masculines. Ces cas suscitaient souvent des questions sur l’identité de genre et la sexualité, bien que les motivations derrière ces choix puissent varier considérablement.
Répression et Stigmatisation
L’homosexualité en Nouvelle-France était réprimée, en grande partie en raison de l’influence de l’Église catholique, qui condamnait les actes homosexuels comme des péchés graves. Les personnes soupçonnées de comportement homosexuel risquaient d’être persécutées et punies.
Cependant, la répression était souvent moins sévère en Nouvelle-France que dans certaines parties de l’Europe. Les autorités coloniales avaient d’autres préoccupations, telles que l’établissement de la colonie et les relations avec les peuples autochtones, ce qui signifiait que la répression de l’homosexualité n’était pas toujours une priorité absolue.
Influence de la Religion
L’influence de l’Église catholique était profondément enracinée en Nouvelle-France. Les missionnaires catholiques étaient parmi les premiers colons à s’établir dans la colonie, et ils jouaient un rôle central dans la vie spirituelle et sociale des habitants. L’Église catholique condamnait fermement les comportements homosexuels, les considérant comme des transgressions graves.
Le Cas de Chevalier d’Éon
Un exemple notable de l’ambiguïté autour de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle en Nouvelle-France est le cas de Chevalier d’Éon. Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d’Éon de Beaumont était un espion, diplomate et soldat français qui a vécu au 18e siècle. D’Éon est né assigné masculin, mais a passé une grande partie de sa vie à se présenter comme une femme, se faisant appeler Chevalier d’Éon. Le cas de d’Éon a suscité des débats sur l’identité de genre et la sexualité à l’époque et a fait l’objet de spéculations et de scandales.