Thérèse Perron nous quitte beaucoup trop tôt

La bâtisseuse de la communauté lesbienne du Québec, qui voulait bâtir la communauté
autour de thèmes communs et du respect, nonobstant les opinions individuelles, nous quitte
subitement avant de pouvoir nous dire “au revoir”…

Dans l’édition 66 de Gay Globe
Magazine, celle juste avant
celle-ci, nous vous parlions de
l’état de santé de Thérèse Perron,
fondatrice de la revue lesbienne
Entre Elles sans nous
douter qu’elle vivait ses derniers
instants. Nous lui souhaitions un
prompt rétablissement mais le
destin a voulu qu’elle nous quitte
rapidement, des suites d’un
cancer agressif et fulgurant.
Je n’aime pas quand on dit aux
nouvelles qu’une personne
meurt parce qu’elle perd son
combat. C’est ‘looser” comme
affirmation et beaucoup de personnes
atteintes de maladies
graves et mortelles décident
de cesser leur combat pour se
concentrer sur les derniers instants
de la vie. Il ne s’agit alors
certainement pas de combat
perdu, nous devrions parler
plutôt de sage décision et aussi
de voir en la mort, une solution
inévitable et moralement acceptable.
Voir notre dossier sur
l’euthanasie dans ces pages…
Thérèse Perron est de ces grandes
dames du Québec qui concrétisait
la révolution tranquille
au quotidien. Elle n’était pas
médaillée de l’Assemblée nationale
du Québec ni de l’Ordre
du Canada, on ne lui consacrait
Thérèse Perron maniait avec
brio l’art de la diplomatie, n’acceptant
jamais que les idées
séparent les coeurs et espérant
toujours une communauté unie
autour de débats évolutifs.
Elle me rencontrait régulièrement
pour parler des mauvais
coups de la communauté mais
ne voulait pas les dénoncer,
elle ne voulait que mieux les
comprendre.
Elle me téléphonait souvent
aussi pour me proposer des
idées que nos médias pourraient
développer en commun.
Quand elle avait besoin du logo
d’un client qui était déjà chez
nous, elle me disait “hey Roger,
si tu me prêtes le logo, je
te paie un souper chez Donnatella”,
comment résister à une
telle collaboration? Car souper
avec Thérèse était de ces moments
où même si elle était bien
humble, pouvait nous donner
le sentiment d’être quelqu’un.
Madame Thérèse Perron est
décédée le 5 février dernier à
sa résidence laissant dans le
deuil ses enfants et surtout, la
communauté gaie et lesbienne
et nous la remercions pour
l’ensemble de son oeuvre. Bon
voyage Thérèse…
pas de plaques ou de statues
dans les parcs ni de bourses à
son nom dans les universités et
pourtant, elle accomplissait au
quotidien des actes de grande
bravoure et de révolution culturelle
en publiant un petit truc
tout simple, un magazine pour
femmes lesbiennes.
Non seulement elle réussissait
à le faire au péril parfois de sa
qualité de vie et devant une adversité
toute macho de la part
d’une société pas tout à fait
prête à reconnaître les femmes
lesbiennes comme de simples
femmes ordinaires, elle réussissait
à fonctionner au mieux
de ses capacités, en coupant
parfois les coins, pour sortir
une revue pas toujours rentable
mais qui célébrait toujours
le fait d’être une femmes libre,
une femme épanouie qui voulait
faire de l’acceptation de la
“différence” un acte banal et
ordinaire.
Elle avait une belle base d’annonceurs
qui l’aimaient et qui
voulaient la suivre dans cette
aventure. C’est à posteriori que
nous devons lui dire qu’elle a
bien fait, que son oeuvre a été
bénéfique pour nous tous et que
pour cela, nous avions pour elle
une affection intense.

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