1995- La Maison l’Astre et la Fondation de l’Astre… Une situation inquiétant!

RG a récemment procédé à une série d’enquêtes dans le milieu des fondations venant en aide aux séropositifs et au sidéens dans le but de mieux informer la population sur l’utilisation des dons. Malheureusement, au fil des enquêtes, on a constaté un nombre important de ces « fondations » qui en plus de mal gérer les fonds du public, détournent carrément l’argent destiné aux malades.

Un astre mort!

La Fondation l’Astre est devenue célèbre non pas par sa vocation d’aide aux malades mais plutôt pour une plainte de fraude actuellement classée « sans suites faute de preuves ». En 1994, alors qu’elle était très active dans la recherche d’argent, un scandale financier a fait son apparition portant sur des détournements de sommes destinées aux sidéens. Le directeur général, monsieur Pierre RIVEST, alors accusé de fraude, vivait en même temps que les faits allégués un divorce et un certain nombre de problèmes au sein de son conseil d’administration. La Maison l’Astre a du fermer ses portes, étant saisie par l’épouse qui possédait 50% des parts. Il faut tout de suite dire que ni la Fondation l’Astre ni la maison du même nom n’ont reçues à quelques moments que ce soit des subventions des gouvernements autres que des programmes d’emplois. Tout était géré à même les dons reçus.

A la même période, un employé de la fondation, organisateur d’un tournoi de golf devant rapporté près de 10,000$, disparaissait le soir de l’événement avec les profits. Jean-Marc MICHAUD, alors bénéficiaire d’un programme paie pour les assistés sociaux, est actuellement recherché dans plusieures villes du Québec pour des fraudes similaires.

Une faillite troublante

En entrevue, monsieur RIVEST raconte à RG ses déboires personnels envers les membres de son conseil d’administration pour expliquer la chute de son entreprise. Il a d’ailleurs du déclarer une faillite personnelle car il ne pouvait plus rencontrer ses obligations envers les malades logeant dans sa maison d’hébergement.

Dans le dépliant publicitaire de la fondation, on se vante toutefois d’avoir hébergé 15 personnes en 2 ans qui sont « décédées dans la dignité ». Quoi penser de la dizaine de malades qui ont été expulsés de la maison alors qu’ils étaient probablement en phase terminale et qui ont eu à vivre des angoisses supplémentaires?

Et aujourd’hui?

Plusieurs personnes ont rapportées avoir vu des représentants de la Fondation l’Astre solliciter de l’argent dans les rues de Montréal pour la maison qui n’existe plus. Le directeur RIVEST affirme que les solliciteurs font simplement de la prévention, que la fondation existe toujours, qu’elle doit se financer et que les solliciteurs sont payés par un programme paie du gouvernement provincial. Pourtant, RG a interrogé un de ces solliciteurs et il n’a jamais parlé de la fondation mais bien de la Maison que nous savions fermée. La personne se disait bénévole et non payée. Quant aux allégations à l’effet que des solliciteurs recevraient une commission de 30% sur les dons recueillis, RIVEST admet la chose tout en expliquant que seuls ceux qui sont à l’extérieur de Montréal bénéficient de ce privilège. A noter que RG a appris qu’un ex-conseiller en gestion de l’organisation, monsieur Bernard LEVEILLE, présent lui aussi à l’époque des faits reprochés, dirige maintenant une autre fondation du nom de « Rêves pour la VIH ». Cette seconde fondation se propose de ramasser de l’argent pour réaliser les rêves de personnes atteintes. Monsieur LEVEILLE explique que sa seule présence aux réunions de la fondation l’Astre avait pour but de conseiller l’organisme dans sa gestion quotidienne. Il affirme n’avoir été qu’un simple contractuel. Toutefois, un don de 1000$ a été versé à « Rêves pour la VIH » par l’Astre alors que cette dernière faisait l’objet d’une saisie. Mauvaise gestion? Détournement de fonds? Au public de décider.

La Loi elle?

En entrevue avec le sergent-détective Thibault de la section des fraudes de la Police de la CUM, on apprend que la loi sur les fondations et organismes charitables ne définie nulle part ce qui pourrait être une fraude:…<< Une fondation pourrait ne verser qu’un dollars par année à un sidéen et ce serait considéré comme légal. C’est peut-être immoral mais légal!…>>

Pour le COCQ-SIDA (Mtl), RIVEST et Astre = ATTENTION!

La Coalition des Organismes Communautaires Québécois de lutte contre le SIDA et sa directrice générale, madame Lyse PINAULT, dirigent actuellement une enquête sur l’organisme en question. D’après madame PINAULT:<<…Nous avons de sérieuses inquiétudes sur l’efficacité de la Fondation l’Astre. Quoique nous ayons rencontré les responsables de la Fondation, nous ne disposons pas de toutes les informations nécessaires pour renseigner la population sur l’utilisation des fonds receuillis (ex.: états financiers vérifiés). Nous souhaitons fortement que les personnes sollicitées pour des dons par des groupes qu’elles ne connaissent pas, nous téléphonent au (514) 844-2477. Si nous avons l’information nous la donnerons, sinon nous effectuerons les recherches nécessaires…>>

La Coalition prépare d’ailleurs une liste des organismes reconnus pour leur honnêteté et on nous assure que le nom de la Fondation l’Astre n’y paraîtra pas.

Au public de se responsabiliser.

Le monde du SIDA ne manque pas d’exemples de fondations et d’organismes bidon. Le public en général a une très grande sympathie pour les personnes atteintes et c’est ce qui fait la richesse des fraudeurs. Ce qui est incompréhensible, c’est que les donateurs ne se soucient absolument pas des antécédents de l’organisme qu’ils souhaitent aider. On prendra tout le temps nécessaire pour comparer les prix d’un supermarché à l’autre, on magasinera le temps voulu pour trouver un pantalon au meilleur prix mais paradoxalement, on versera des sommes importantes à des organisations dont on ne connaît strictement rien. Si on prenait autant de temps à magasiner sa fondation que l’on prend pour d’autres situations journalières, il est à parier que pour les faussaires, le climat serait bien malsain. N’ayons pas peur de questionner, de demander les états financiers, de regarder les ratios revenus VS dépenses car après tout, ce que les donateurs souhaitent véritablement, c’est une meilleur qualité de vie pour les personnes séropositives et sidéennes.

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