1996- Agression culturelle!

Le mois dernier, on nous présentait une méga production d’opéra dans laquelle devait jouer des centaines de figurants, un grand orchestre symphonique et des dizaines de chanteurs. On nous présentait ça comme la production de la décennie. Déjà, dans les deux mois précédant la première, on entendait parler aux nouvelles du fait que les figurants n’étaient pas payé et que cela choquait la très pontificale Guilde des Musiciens. Il y a eu quelques menaces de boycotte et le promoteur s’est engagé à payer tout le monde.

Le soir de la première, le stade était plein a craqué et malgré les problèmes habituels reliés à ce type de salle (pas vraiment approprié pour l’opéra) le public était assez satisfait. Pour ce qui est des représentations subséquentes, tout allait assez bien malgré un public un peu moins nombreux que prévu. Arrivé à la fin des spectacles, quand le moment est arrivé de payer tout le monde, pas d’argent. Il n’y avait aucun cachet pour les musiciens, les chanteurs d’opéra et les centaines de figurants. Le promoteur, sous prétexte de n’avoir pas reçu ses fonds de la Banque Nationale de Paris, refusait tout simplement de payer qui que ce soit.

Voilà effectivement l’événement de la décennie, un méga concert au profit d’un promoteur, sans que les artistes n’en soient d’accord. Il s’agit bien là du plus grand scandale de l’histoire de la scène montréalaise dont personne ne parle tellement l’embarras est grand. En plus de ridiculiser nos artistes et nos musiciens, ce promoteur donnait un coup de pied dans les dents de la culture du Québec et brisait ainsi toutes la confiance du public envers de tels productions. Comme si les musiciens n’avaient pas déjà assez de problèmes à travailler.

Comme plusieurs membres de la communauté gaie et lesbienne figuraient dans ce spectacle et n’ont pas reçu d’argent pour 14 jours de répétitions et 4 jours de spectacles à temps plein, nous ne pouvons que nous offusquer de cette situation et faire comprendre à la Banque Nationale de Paris que ce n’est pas en empochant le fruit de la vente des billets sans payer personne qu’elle se fera des amis au Québec. Voir si la banque aurait fait la même chose à Paris, chez ses propres artistes. Il ne se serait pas écoulé 48 heures avant que le ministre de la culture n’intervienne et force la banque à payer les artistes. Comme nous savons tous que la ministre de la culture du Québec est aussi convainquante qu’un bol de jello, faut croire qu’on va encore se lécher la patte…

R.L.C.

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