Roger-Luc Chayer (Image: Pixabay)
La « super gonorrhée » est présente dans les grandes villes d’Amérique du Nord et d’Europe depuis quelques années maintenant et contrairement aux infection transmises sexuellement traditionnelles, elle n’a pas le même comportement face aux traitements.
La gonorrhée classique touche principalement les jeunes adultes sexuellement actifs, particulièrement ceux âgés de 15 à 24 ans. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes contractent plus souvent cette infection. Les personnes ayant de multiples partenaires sexuels, ne pratiquant pas de sexe protégé ou ayant des antécédents d’infections sexuellement transmissibles courent aussi un risque important.
Résistance
La super-gonorrhée, ou gonorrhée ultrarésistante, est complètement différente. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les gonorrhées ultrarésistantes présentant un haut niveau de résistance au traitement actuellement recommandé pour la gonorrhée (ceftriaxone), mais aussi une résistance à la pénicilline, aux sulfamides, à la tétracycline, aux fluoroquinolones et aux macrolides (notamment l’azithromycine). Elles sont appelées gonorrhées superbactériennes ou super gonorrhées.
Il faut donc comprendre que les médicaments les plus efficaces pour la traiter fonctionnent peu, voire pas du tout. La bactérie est devenue résistante à presque tous les traitements. Cette résistance est due à un certain nombre de facteurs, notamment l’accès illimité aux antimicrobiens, le choix inapproprié et la surutilisation des antibiotiques, et la mauvaise qualité des antibiotiques. En outre, des mutations génétiques affectant N. gonorrhoeae ont contribué à accroître sa pharmacorésistance. Les infections en dehors de la région génitale – à savoir dans la gorge et le rectum – touchent particulièrement des populations clés telles que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Cela peut également jouer un rôle important dans le développement de souches résistantes, car N. gonorrhoeae interagit et échange du matériel génétique avec d’autres organismes dans ces parties du corps.
Traitement
Il existe des moyens de s’en protéger, et comme pour les autres ITSS, le port du condom est indispensable.
Les autorités médicales considèrent toute nouvelle infection à la gonorrhée comme potentiellement résistante, et un protocole a été développé pour la traiter, car il est encore possible d’en guérir, sauf dans quelques cas exceptionnels. Selon Santé Canada, certains traitements sont toujours efficaces contre les formes résistantes de N. gonorrhoeae. Le traitement recommandé à l’heure actuelle demeure une biothérapie combinant deux antibiotiques, la ceftriaxone et l’azithromycine. Toutefois, parce qu’il n’existe pas de vaccin contre la gonorrhée, tenir N. gonorrhoeae en échec demeure un défi.
Il existe également une nouvelle approche, similaire à la PrEP, mais spécifiquement destinée à la prévention de la gonorrhée, de la chlamydia et de la syphilis, la Doxyprep. Elle consiste à prendre un seul comprimé d’un antibiotique dans les 72 heures suivant une relation sexuelle non protégée, afin de prévenir l’infection. Le taux de réussite est prometteur, mais n’est pas absolu.
Il est impératif de mieux se protéger contre les ITSS, car leurs conséquences à long terme sont nombreuses. De plus, la présence d’une gonorrhée, d’une chlamydia ou d’une syphilis peut augmenter de façon exponentielle le risque de contracter le VIH simultanément.
Tout médecin est habilité à traiter ou à prévenir ces infections, alors n’hésitez pas à en parler !