CLAUDE LUSSIER N’EST PLUS

Roger-Luc Chayer

Monsieur Claude Lussier est décédé le 5 juillet dernier à Montréal des suites d’une leucémie aiguë, une forme de cancer du sang. Les gens le connaissaient très peu de par son nom, car il était de ces hommes qui n’aiment pas les feux de la rampe, la gloire et moins encore la notoriété, mais il était très spécial pour ceux qui l’ont cotoyé. Tout d’abord, tout le monde connaît le slogan des Pharmacies Jean Coutu «On  trouve de tout, même un ami»? Claude était l’inventeur de ce slogan, qui date des premiers jours de l’entreprise.

Il n’a jamais fait fortune avec ça et n’a jamais demandé non plus quelque redevance que ce soit pour ce qui sera devenu, avec le temps, un des slogans les plus illustres du Québec. Claude Lussier était aussi mentionné dans le cartouche de Gay Globe Magazine depuis le début, en 2002, et présenté comme «Conseiller aux finances». Oui, car Claude était aussi mon papa.

Ma mère étant divorcée depuis ma première année de naissance, je n’ai jamais vraiment connu mon père biologique sauf pour l’avoir croisé deux ou trois fois. Claude est arrivé dans ma vie alors que j’avais 11 ans, à un âge très critique pour un nouvel ado ayant l’habitude de ne vivre qu’avec une maman comme chef de foyer. Ça n’a pas été facile au début mais voilà, Claude avait une arme secrète et très efficace: il était patient! Il a toujours été avec moi et avec son entourage d’une gentillesse incroyable, nous gâtant souvent, mais agissant parfois, lorsque nécessaire, comme papa plus sérieux, avec des conseils sur mes études, mes finances, certaines de mes décisions stratégiques de carrière, ou critiquant, pour mon bien, certains de mes choix, sans jamais être négatif. Au fil des années, Claude a assumé son rôle de père avec brio et ne m’a jamais traité en sous-fils, même s’il avait ses propres enfants biologiques. Connaissant mon homosexualité depuis ma jeune vie d’adulte, il m’a toujours soutenu face aux critiques, m’encourageant alors que j’étudiais seul en France, et jusqu’au bout, me donnant son entière confiance pour l’assister dans les combats difficiles liés à la maladie de son épouse. Claude a aussi été un élément important pour la communauté gaie francophone internationale. Lorsque j’ai acheté la Revue Le Point (ancien nom de Gay Globe) en 2002, il me manquait des liquidités pour conclure la transaction. C’est Claude qui est intervenu en me prêtant ce qui manquait (aide entièrement remboursée trois mois plus tard il faut le dire). Gay Globe est donc là aujourd’hui grâce à son aide. Il aimait tellement la revue qu’il était très heureux d’y figurer comme Conseiller depuis 2002. Merci Papa, bon repos!

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