COMMENT ANNONCER ÇA?

portofino

Roger-Luc Chayer

Un des sujets les plus tabous, tant dans la communauté gaie que dans la société en général, est la problématique de se découvrir porteur d’une infection transmissible sexuellement et de devoir l’annoncer à son ou ses partenaires sexuels. En effet, certains contractent des maladies comme la gonorrhée, la syphilis, la chlamydia ou l’herpès en ayant des relations sexuelles non protégées, parfois avec plusieurs partenaires, mais d’autres peuvent en contracter en ayant une seule infidélité ou pire, en contracter une de leur conjoint, qu’ils croyaient fidèle.

Il s’agit d’une terrible problématique morale qui peut casser non seulement une amitié mais aussi une vie de couple. Évidemment, loin de moi de juger ou de livrer une opinion morale sur la fidélité dans le couple ou les agissements responsables quand on a des partenaires multiples, ce n’est absolument pas mon intention. La question est: Comment annoncer à ses partenaires ou son conjoint que nous sommes porteurs d’une ITS?

Même en y réfléchissant pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à trouver une manière diplomatique ou logique de le faire. Je me suis donc tourné vers des intervenants sociaux d’organismes oeuvrant justement dans la protection et la prévention des ITS, et j’ai aussi trouvé des réponses intéressantes à un CLSC de Montréal. Essentiellement, il n’y a pas de façon typique de procéder. Il faut savoir que les maladies transmissibles sexuellement sont à «déclaration obligatoire». En effet, dans la loi, une personne qui se sait porteuse d’une ITS, qui a des relations sexuelles non protégées et qui ne se traite pas peut être tenue criminellement responsable de

la propagation qu’elle effectue, mais aussi des dommages qu’elle cause. Même chose en matière civile. Une personne qui contracte une MTS et qui en connaît la source peut poursuivre le donneur pour préjudice physique et moral. Bon, facile à dire, mais qui ferait ça? Même en 2018, ce sont encore des maladies honteuses contractées lors de moments jugés confidentiels.

Sur le site gouvernemental québécois Itss.gouv.qc.ca, on offre une foule de façons de procéder quand vient le temps d’aviser ses partenaires. En personne, par téléphone ou par courrier électronique, on propose même des exemples de messages à envoyer pour éviter de faire paniquer ceux qui les recevront. Pour ceux qui n’arriveront pas à le faire, souvent par honte, on propose même les services d’un médecin ou de personnel médical qui pourra contacter les partenaires et les informer de leur possible infection tout en gardant anonyme l’identité de celui qui pourrait la leur avoir transmise.

Quant à la très complexe question de vivre en couple exclusif et d’apprendre que l’un des partenaires est infecté d’une ITS, il n’y a aucune solution miracle pour l’annoncer. Gay Globe a fait des sondages, a consulté des sites de sexologues ou de santé et c’est l’unanimité, il faut absolument prévenir l’autre partenaire pour qu’il puisse se faire dépister et éventuellement être traité mais ce qui semble empêcher les gens de le faire est le risque de casser la relation. Soyons clairs, si votre conjoint vous dit qu’il est fidèle et qu’il vous refile une gono, souhaitez-vous vraiment de ce conjoint en qui vous n’aurez peut-être plus confiance? La question devient morale et c’est une décision qui ne peut se prendre que seul.

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