Déporté par les nazis car homosexuel, il est décoré à 97 ans! La Légion d’honneur pour le matricule 7952

Selon AFP
edito@gglobetv.com

Photo
ODLM/Denis Erhart

Le matricule 7952 du camp de concentration de Buchenwald est devenu jeudi à 97 ans le premier déporté homosexuel fait chevalier de la Légion d’honneur, devant des lycéens impressionnés et très émus par le courage de ce vieil homme frêle.

Lorsque l’hymne de la Résistance française, le Chant des partisans, a retenti dans le collège Maréchal-Leclerc de Puteaux (Hauts-de-Seine), la présence du Français d’origine tchèque Rudolf Brazda, “probable dernier survivant connu des triangles roses”, a donné des frissons à toute l’assistance.

Comme Rudolf, quelque 10.000 à 15.000 personnes, selon les estimations, ont ainsi été déportées sous Hitler en raison de leurs tendances sexuelles, les nazis considérant l’homosexualité comme une épidémie dangereuse pour la perpétuation de la race.

C’est devant des élèves de troisième qui étudient la seconde guerre mondiale que Rudolf a reçu ses insignes de chevalier, une cérémonie d’autant “plus singulière que le destin de ces homosexuels déportés pour avoir simplement aimé, est absent des livres d’histoire”.

“Rudolf incarne un temps nouveau où tout être humain a le droit d’aimer comme il l’entend. Gardez-vous jeunes gens de la renaissance des idées négatives”, leur a lancé la présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, qui a remis l’insigne à Rudolf.

Lui semble un peu absent. “Je suis heureux et je reçois ce prix au nom de tous ceux qui ont connu les mêmes souffrances que moi”, a dit en allemand, d’une voix lente mais forte, M. Brazda qui semblait goûter davantage la poignée de questions des collégiens que les honneurs. Son interprète, Jean-Luc Schwab, a d’ailleurs tenu à souligner qu’il était “là pour dire et redire ce qui s’est passé et dans quelles circonstances. L’école, c’est l’apprentissage du vivre ensemble et l’acceptation de la différence”.

“Comment vos parents ont-ils accepté votre homosexualité?”, demande en allemand une élève. “Ils m’ont toujours accepté tel que j’étais”, répond M. Brazda, qui a tenu à détailler son parcours jusqu’aux geôles nazies. En 1937, il est condamné à six mois de prison pour “débauche entre hommes”, puis expulsé vers la Tchécoslovaquie. Là, après l’annexion des Sudètes par Hitler, il est à nouveau jugé et condamné pour le même type de faits, cette fois à 14 mois de prison.
Cette peine purgée, Rudolf, considéré comme un récidiviste, est interné au camp de concentration de Buchenwald, dans le centre de l’Allemagne. Il y survit à 32 mois d’enfer, grâce à son amitié avec un kapo communiste et à “un peu plus de chance que les autres”

Un autre grand résistant, Raymond Aubrac, présent à cette cérémonie, a salué cette “grande marque de civilisation”.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

trois × 4 =