Existe-t-il un cerveau homosexuel ?

Quoi de neuf en la matière ? Une étude parue à l’Institut Karolinska révèle une différence de structure entre le cerveau d’homosexuels et d’hétérosexuels, différence que les auteurs attribuent à une condition prénatale de l’embryon, plus qu’à des influences culturelles.

Faut-il y croire ? Cerveau & Psycho a choisi de discuter et fait intervenir Catherine Vidal, neurobiologiste avertie des questions d’orientation sexuelle, qui relativise de telles observations. On découvre l’aspect contestable de ces études, les problèmes de méthodologie et l’existence d’un nombre limité de laboratoires qui, monopolisant ce domaine de recherche, empêchent qu’une large statistique soit dégagée, seul gage de vérité en la matière.

Selon celle-ci, le cerveau des hommes hétérosexuels et des lesbiennes serait «asymétrique», alors que celui des gays et des femmes hétérosexuelles serait «symétrique». «Les chercheurs ont découvert, en pratiquant une analyse statistique des données d’imagerie cérébrale, que les gays sont peu latéralisés, tout comme les femmes hétérosexuelles, et que les deux amygdales cérébrales sont actives simultanément. À l’inverse, les lesbiennes sont latéralisées, comme les hommes hétérosexuels», expose le magazine.

Mais pour la neurobiologiste Catherine Vidal, «avertie des questions d’orientation sexuelle», ces études récemment publiées sur les différences cérébrales entre homosexuels et hétérosexuels ne satisfont pas toutes les exigences de rigueur scientifique. Effectivement, les études concernées ne se fondent que sur des groupes de 20 à 25 personnes! Ça semble bien peu pour en tirer une conclusion générale… Catherine Vidal juge également que «dépenser beaucoup d’argent pour savoir s’il y a un peu de substance grise ici ou là quand on aime les hommes ou les femmes n’est peut-être pas le plus important aujourd’hui».

Alors, faut-il craindre que la science justifie, comme la phrénologie a prétendu le faire en son temps, une vision discriminatoire de la société ? Tout dépend du niveau de tolérance qui règne autour de cette question. Si l’acceptation de l’homosexualité continue de progresser, de telles recherches ne feront qu’ajouter un élément de réflexion passionnant à ce qui fonde nos différences de pratiques sexuelles.

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