Histoire de la Prostitution au Canada

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Chad G. Peters

La prostitution a accompagné les premières colonies européennes au Canada, avec des femmes qui se prostituaient souvent dans les ports et les camps de travail. À cette époque, la prostitution n’était pas réglementée de manière significative, et elle était considérée comme un mal nécessaire pour maintenir le moral des colons.

Confédération à la fin du XIXe siècle :

Avec la création du Dominion du Canada en 1867, chaque province a obtenu le pouvoir de réglementer la prostitution. De nombreuses provinces ont rapidement adopté des lois visant à encadrer l’industrie de la prostitution. Par exemple, l’Ontario a adopté la Loi sur la prévention de la débauche en 1869, tandis que le Québec a promulgué la Loi sur la prostitution en 1880. Ces lois ont rendu illégal le proxénétisme et la sollicitation, mais elles n’ont pas interdit la prostitution en tant que telle.

Première Guerre mondiale et Prohibition :

La Première Guerre mondiale a vu une augmentation de la prostitution, en partie en raison de la présence de troupes militaires étrangères au Canada. Pour lutter contre cette augmentation, certaines provinces ont renforcé leurs lois sur la prostitution. La Prohibition des années 1920 a également contribué à la montée de la prostitution en créant un marché clandestin pour l’alcool, ce qui a donné lieu à une augmentation de la criminalité organisée.

De la Seconde Guerre mondiale à la fin du XXe siècle :

La Seconde Guerre mondiale a de nouveau vu une augmentation de la prostitution en raison de la présence de soldats étrangers au Canada. Après la guerre, la prostitution a continué à exister de manière relativement tolérée dans certaines parties du pays. Cependant, à mesure que la société évoluait, les attitudes à l’égard de la prostitution ont commencé à changer.

Dans les années 1970, le Canada a connu une période de libéralisation sociale, et la question de la prostitution est devenue un sujet de débat public. Les mouvements féministes ont joué un rôle important en remettant en question les lois sur la prostitution, les considérant comme discriminatoires envers les travailleuses du sexe. Cela a conduit à la révision des lois sur la prostitution dans certaines provinces.

Loi sur la prostitution de 2014 :

En 2014, le Canada a adopté la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation (anciennement connue sous le nom de loi C-36), qui a radicalement changé l’approche du pays à l’égard de la prostitution. Cette loi a rendu illégal l’achat de services sexuels, tout en permettant aux travailleurs du sexe de vendre leurs services. L’objectif de la loi était de cibler les clients et de dissuader la demande de prostitution.

Cependant, la Loi sur la prostitution de 2014 a suscité un débat intense et des controverses. Ses détracteurs ont fait valoir que cela mettait en danger les travailleurs du sexe en les poussant dans la clandestinité et en les exposant à des risques plus importants. Certains tribunaux ont également remis en question la constitutionnalité de la loi, arguant qu’elle violait les droits des travailleurs du sexe.

La décision de la Cour suprême et l’évolution récente :

En 2013, avant l’adoption de la loi C-36, la Cour suprême du Canada a rendu une décision historique dans l’affaire Bedford c. Canada. La Cour a statué que certaines lois sur la prostitution, telles que l’interdiction des maisons closes, étaient inconstitutionnelles car elles mettaient en danger la sécurité des travailleuses du sexe. Cette décision a ouvert la voie à un débat plus large sur la réglementation de la prostitution au Canada.

Depuis lors, les lois sur la prostitution au Canada ont continué à évoluer, avec certaines provinces optant pour des approches plus tolérantes, tandis que d’autres maintiennent une répression plus stricte. L’objectif principal est de trouver un équilibre entre la réduction des risques pour les travailleurs du sexe et la lutte contre l’exploitation sexuelle.