
Roger-Luc Chayer (Image: Générée par IA – Gay Globe)
Il y a quelques années, dans certains pays et juridictions, les homosexuels étaient pourchassés, et pour vérifier leur orientation sexuelle, on les soumettait à des tests anaux. Cette procédure prétendait, à tort, permettre d’identifier les homosexuels, les bisexuels et même les pédophiles. Encore aujourd’hui, dans plusieurs pays, des hommes et des adolescents accusés d’homosexualité sont soumis à des tests anaux.
En 2021, Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale qui surveille les abus des droits de l’homme à travers le monde, a publié un communiqué concernant une vague d’arrestations ciblant des homosexuels: Depuis février 2021, les forces de sécurité camerounaises ont arbitrairement arrêté, battu ou menacé au moins 24 personnes, dont un adolescent âgé de 17 ans, pour des prétendus rapports sexuels consensuels entre personnes de même sexe ou pour non-conformité de genre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Au moins l’une de ces personnes aurait été soumise de force à un test VIH et à un examen anal.
En mai 2020, la police a arrêté 53 personnes, pour la plupart LGBT, lors d’un rassemblement dans un hôtel de Bafoussam à l’initiative d’une organisation de lutte contre le VIH et les a accusées d’homosexualité. Au moins 6 d’entre elles, dont 3 adolescents âgés de 15 à 17 ans, ont été soumises à des examens anaux et à des tests VIH forcés.
Qu’est-ce qu’un « test anal » ?
Le test anal est une pratique intrusive et dégradante utilisée dans certains pays pour tenter d’identifier l’orientation sexuelle d’une personne, en particulier pour accuser quelqu’un d’homosexualité. Cette méthode repose sur l’idée fausse et discréditée qu’un examen de l’anus pourrait révéler des preuves de rapports sexuels anaux. En réalité, cette pratique n’a aucun fondement scientifique, et elle est largement dénoncée par les experts médicaux et les défenseurs des droits humains comme une forme de torture et de traitement cruel, inhumain et dégradant.
Le test anal, une pratique invasive et pseudoscientifique, consiste généralement à soumettre une personne à un examen médical forcé de l’anus. Cette procédure est réalisée par un médecin ou un autre professionnel de la santé, souvent sous la contrainte des autorités. L’examinateur prétend vérifier l’état physique de l’anus, en recherchant des caractéristiques supposées indiquer des rapports sexuels anaux, comme une prétendue « élasticité » ou des « lésions ».
La personne accusée est fréquemment déshabillée de force, humiliée et privée de toute possibilité de consentement. Ces tests s’accompagnent souvent d’intimidations psychologiques et de violences physiques.
La National Library of Medicine des États-Unis
La National Library of Medicine des États-Unis a publié un rapport très intéressant sur les tests anaux, prenant comme exemple la Tanzanie. Le document décrivait ainsi des tests anaux pratiqués par les autorités de ce pays en 2016, lors d’une vaste chasse aux homosexuels: Dans les soins cliniques, les examens anaux sont couramment pratiqués pour des indications spécifiques et pour répondre à des questions diagnostiques soigneusement formulées. Ils fournissent des informations nécessaires pour l’évaluation et le traitement de conditions très répandues, telles que le cancer de la prostate, les fissures et fistules anales, les hémorroïdes et les saignements gastro-intestinaux. En revanche, les examens anaux forcés infligent délibérément des douleurs et des souffrances physiques et/ou mentales importantes, à la demande de l’État, en tant que forme de punition, ce qui correspond à la définition de la torture selon les Nations Unies (ONU). Lors de l’examen, les individus peuvent être déshabillés, contraints d’adopter des positions humiliantes et examinés devant d’autres, sans consentement ou sous contrainte. L’examen lui-même peut consister en l’insertion forcée de doigts, de tubes, de cones ou d’autres objets dans l’anus et le rectum, et peut entraîner des traumatismes physiques et/ou émotionnels.
Nous estimons que la communauté médicale mondiale devrait activement soutenir les individus ciblés par les examens anaux forcés et collaborer avec leurs collègues et les organisations professionnelles dans les pays où ces examens sont pratiqués pour mettre fin à leur utilisation. Les agences normatives, y compris l’Organisation mondiale de la santé, devraient condamner les examens anaux forcés et appeler à leur interdiction mondiale, déclarant publiquement que ces examens constituent de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants. Il est temps de s’unir pour agir et mettre fin à cette pratique scandaleuse.
Une pratique courante partout dans le monde
Malheureusement, cette pratique qui relève de la torture, est pratiquée dans de nombreux pays dans le monde. Il n’existe pas de données précises sur le nombre exact de pays où ces tests sont pratiqués, car de tels actes sont souvent réalisés de manière clandestine ou sous la pression des autorités locales.
Des rapports d’organisations telles que Human Rights Watch, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que des experts des Nations Unies, ont documenté ces pratiques dans plusieurs pays d’Afrique (notamment en Tanzanie, Ouganda et Zambie), au Moyen-Orient et dans certaines parties de l’Asie.
Il est important de dénoncer ces comportements, et les gouvernements doivent être sensibilisés à la nécessité de condamner de tels actes.