Le Journal de Montréal
Sarah Champagne – 37e AVENUE
Encore aujourd’hui, les homosexuels sont moins enclins à révéler leur orientation sexuelle dans leur milieu de travail que dans leur entourage.
Dans une étude parue en 2007, Line Chamberland révélait que 70 % d’entre eux s’affichaient devant les collègues de travail, contre 90 % avec la famille et les amis. Plusieurs années plus tard qu’en est-il ? Entrevue avec la professeure au département de sexologie de l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie.
Avez-vous l’impression que la situation s’est améliorée ?
Line Chamberland : Je pense que dans les milieux déjà plus ouverts la situation s’est améliorée. Les lois concernant le mariage homosexuel ou l’homoparentalité ont eu un effet. Le message est symbolique — on reconnaît les personnes LGBT — et les gens se sentent de plus en plus à l’aise de parler de ces questions.
Ceci dit, je crois qu’il y a des milieux de travail qui demeurent très homophobes. Les milieux où la virilité est valorisée, notamment la construction, n’ont souvent pas bénéficié de sensibilisation. Le vocabulaire qu’on y utilise est d’ailleurs fortement connoté… ce n’est pas rare d’entendre : « ne prends pas ton marteau comme une tapette ».
On peut tout de même dire qu’il y a eu des changements. J’ai connu une époque de censure de CV, ou encore, on cachait le bénévolat pour des organismes LGBT.
Comment peut-on réagir aux blagues homophobes ?
L.C. : Il n’y a pas de recette. Répondre à l’humour par l’humour peut être une excellente réponse, pour entrer dans une dynamique de partage de blagues sans que ça devienne une surenchère.
Ce qui se passe en général moins bien est de sermonner ses collègues. Sans être l’éteignoir, on peut faire comprendre plus tard que ce genre d’humour est blessant.
L’important est aussi de tisser des liens autour des points communs, de faire ressortir la similarité des situations pour briser les stéréotypes.

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