CAA-Québec
Les espèces indigènes de frêne, surtout au sud du Québec, connaissent des temps difficiles. Leur ennemi numéro un? L’agrile du frêne, un insecte volant qui se nourrit de leurs feuilles. Comme pour d’autres insectes « clandestins », le transport du bois de chauffage compte parmi les moyens de propagation de cet envahisseur qui, autrement, ne va pas très loin par lui-même.
Qu’ils soient sains ou non avant l’infestation, les frênes succombent presque tous à l’attaque de l’agrile du frêne. C’est toutefois sa larve (d’un blanc crème) qui leur cause les pires dommages en creusant des galeries sous leur écorce. Un arbre affecté commence à dépérir à partir de la cime dès la première année de l’infestation. Jusqu’à la moitié des branches peuvent d’ailleurs mourir au cours d’une seule année. Aux États-Unis, déjà, des dizaines de millions d’arbres ont été détruits. En sol québécois, les frênes peuplent en grand nombre les forêts et les villes; il va sans dire que leur disparition risque de créer un réel déséquilibre dans l’environnement.
L’agrile du frêne est un insecte vert métallique au corps étroit et allongé. Originaire d’Asie, il a été observé pour la première fois en Amérique du Nord en 2002, dans la région de Détroit; le transport de marchandises serait à l’origine de sa venue. L’espèce s’est par la suite répandue de façon naturelle, mais les humains ont contribué involontairement à son expansion en transportant des produits de pépinière et du bois de chauffage infestés dans les régions voisines. En effet, si quelqu’un déplace du bois de chauffage de son chalet à sa maison, par exemple, l’insecte peut alors infester – et détruire – des milliers d’arbres d’une autre région. La détection précoce de l’agrile du frêne est difficile. Quelques signes peuvent tout de même être décelés :
1- fissures dans l’écorce 2- apparition de trous d’émergence (quand l’insecte, parvenu à maturité, ronge l’écorce pour sortir) 3- activité accrue des pics, qui repèrent les larves sous l’écorce 4- feuilles jaunies pendant la saison de croissance (de mai à août), etc. L’inspection des arbres et le traitement, au besoin, devraient être confiés à des spécialistes. Il vous est tout de même possible d’agir du côté de la prévention.
Si vous observez des signes d’infestation ou si vous capturez l’agrile du frêne, avisez votre municipalité ou l’ACIA au 1 800 442-2342. Abattez les frênes dépérissants qui ne peuvent être protégés contre cet insecte. Évitez cependant d’en abattre ou d’en élaguer entre le 15 mars et le 30 septembre (il s’agit d’une période à haut risque de propagation de l’agrile du frêne). Avant d’entreprendre des travaux d’abattage, informez-vous des règlements municipaux; vous pourrez ainsi disposer de vos branches, troncs, souches ou feuilles de manière convenable et dans des sites autorisés. Protégez sans tarder les frênes qui présentent un intérêt de conservation à l’aide d’un traitement approprié.
Une réglementation stricte
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) est l’organisme responsable de la lutte contre les espèces envahissantes comme l’agrile du frêne. À des fins de contrôle, l’organisme a adopté une réglementation sévère : un individu peut recevoir une amende pouvant aller jusqu’à 50 000 $ ou faire l’objet de poursuites judiciaires s’il déplace du bois de chauffage hors d’une zone réglementée, sans avoir obtenu l’autorisation préalable de l’ACIA.