
Roger-Luc Chayer et Carle Jasmin (Images: France 24, Latin Times et Yahoo News)
Il y a trois jours, le monde entier rapportait l’utilisation par Donald Trump du triangle rose nazi, assorti d’un cercle rouge ressemblant à un symbole d’interdiction, sans vraiment comprendre pourquoi il avait fait cela ni pourquoi il l’avait publié sur son réseau social Truth Social sans le moindre contexte.
L’image a été corroborée par le service de vérification de Yahoo, dont on peut consulter le résultat de l’analyse au https://www.yahoo.com/news/fact-check-yes-trump-posted-223400874.html
Histoire du triangle rose
Le triangle rose est un symbole chargé d’une histoire douloureuse, intimement lié à la persécution des homosexuels sous le régime nazi. À partir de 1933, lorsque les nazis prennent le pouvoir en Allemagne, une répression systématique des personnes homosexuelles s’intensifie. La police traque et arrête des milliers d’hommes accusés de comportements « déviants », souvent sur la base du paragraphe 175 du code pénal allemand, qui criminalisait les relations entre hommes.
Beaucoup sont envoyés dans des camps de concentration, où les détenus étaient classés selon des catégories distinctes, identifiées par des triangles de différentes couleurs cousus sur leurs uniformes. Les homosexuels étaient marqués d’un triangle rose, un stigmate qui les isolait encore plus au sein de l’enfer concentrationnaire.
Dans ces camps, les prisonniers arborant le triangle rose étaient souvent victimes d’un traitement particulièrement brutal, non seulement de la part des gardes, mais aussi des autres détenus. Les travaux forcés, les sévices et les expériences médicales inhumaines faisaient partie de leur quotidien, et le taux de mortalité parmi eux était extrêmement élevé.
À la libération des camps, ces survivants n’ont reçu aucune reconnaissance. Pire encore, certains ont été de nouveau emprisonnés, le paragraphe 175 restant en vigueur bien après la guerre.
Utilisation du triangle rose par les communautés gaies et lesbiennes
Selon nos recherches historiques, le triangle rose, autrefois symbole de persécution, a été réapproprié par les communautés gaies et lesbiennes comme un emblème de résistance et de mémoire.
À partir des années 1970, dans le contexte des mouvements de libération homosexuelle, le triangle rose a été redécouvert et adopté comme un rappel des injustices passées et comme un appel à la solidarité. Il est rapidement devenu un marqueur identitaire, incarnant la résilience et la fierté face à la marginalisation.
Son usage s’est étendu, notamment lors des manifestations pour les droits LGBTQ+, où il symbolise non seulement le souvenir des persécutions nazies, mais aussi la continuité des combats pour l’égalité et la reconnaissance.
Il a d’ailleurs souvent été utilisé lors de manifestations ou de marches de revendications sociales, ainsi qu’au début de la pandémie du VIH/sida, pour sensibiliser les industries pharmaceutiques au fait que les homosexuels étaient les principales victimes de la maladie, alors que très peu de budgets étaient consacrés à la recherche médicale.

Publication du triangle rose par Trump
Selon Yahoo News, Trump a publié un lien vers un article, qui affichait un aperçu de l’illustration principale représentant un triangle rose inversé avec une barre rouge le traversant. Il n’était pas clair s’il avait lu l’article ou s’il savait ce que l’illustration représentait ou symbolisait. L’article en question avait été publié à l’origine sur le site du Washington Times pour accompagner un texte sur l’interdiction des homosexuels dans l’armée.
En résumé, Trump a bien publié sur Truth Social un lien vers un article paru sur le site du quotidien conservateur The Washington Times (archivé). L’illustration principale de l’article apparaît dans l’aperçu et représente un téléviseur avec un triangle rose inversé et un symbole rouge superposé, généralement interprété comme signifiant « interdit ».
Plusieurs sources confirment que les nazis ont effectivement utilisé un triangle rose pour identifier les hommes homosexuels dans les camps de concentration. Par conséquent, nous avons évalué cette affirmation comme étant vraie. Toutefois, on ignore si Trump a lu l’article auquel il a fait référence ou s’il comprenait ce que l’illustration représentait ou symbolisait. Nous avons contacté la Maison-Blanche pour obtenir un commentaire et mettrons cette histoire à jour si nous recevons une réponse.

Trump va trop loin, à tous les jours
Le Premier ministre de la France, Monsieur François Bayrou, s’est interrogé cette semaine devant l’Assemblée nationale à Paris sur l’état de santé mentale du président des États-Unis, invitant les élus à réfléchir à la manière de gérer cette situation.
La Suisse, un pays attaché à des valeurs de neutralité très fortes, a autorisé cette semaine une parade dans le cadre d’un festival, où l’on défilait avec des doigts d’honneur, accompagnés de fanfares et de tambours, en suivant l’image de Donald Trump. Par ailleurs, elle a annoncé, pour l’une des rares fois de son histoire, de nouvelles sanctions économiques contre les États-Unis, alignant ainsi sa politique étrangère sur celle de l’Union européenne, bien qu’elle n’en soit pas membre. Pour que la Suisse prenne de telles décisions, c’est qu’il se passe certainement quelque chose de grave.
Tous les ingrédients sont désormais réunis pour un Quatrième Reich
Un « Reich », se caractérise par un régime totalitaire fondé sur l’idéologie nazie, marquée par le culte du chef, le racisme, l’antisémitisme, et l’expansionnisme. Le Troisième Reich allemand a conduit à la Seconde Guerre mondiale et à l’Holocauste, avant de s’achever en mai 1945 avec la défaite de l’Allemagne nazie face aux Alliés.
Donald Trump ne peut ignorer les conséquences de ses actes. Comme par le passé, il est entouré de lieutenants dépourvus de tout jugement, qui considèrent le président des États-Unis comme un empereur, le roi du monde.
Toutes les mesures mises en place depuis deux mois sont exactement calquées sur celles adoptées par Adolf Hitler à partir de 1932. Le nettoyage ethnique lancé contre les immigrants, qu’ils soient légaux ou illégaux, contre les réfugiés politiques et humanitaires, les purges menées par le DOGA et Elon Musk contre les fonctionnaires fédéraux, l’effacement identitaire des LGBTQ+ dans la société civile et militaire fédérale, ainsi que l’annulation des politiques de diversité au sein du gouvernement, sont des éléments qui rappellent ceux mis en place par Hitler.
Considérer tous les pays du monde comme des ennemis, des abuseurs des États-Unis qu’il faut punir ou annexer de force, fait également écho aux idées qui ont été promues par Hitler.
Fait important à noter, Adolf Hitler a été nommé chancelier de l’Allemagne le 30 janvier 1933 par le président Paul von Hindenburg. Cependant, il n’a pas été élu directement à ce poste.
Hitler et son parti, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), ont remporté les élections législatives de 1932, mais n’ont pas obtenu la majorité absolue. Après des négociations politiques et des manœuvres, Hitler a été nommé chancelier. Une fois au pouvoir, il a rapidement consolidé son autorité et instauré un régime dictatorial.
Avec Trump, ce n’est que le début!
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