ATTENTION, CET ARTICLE COMPORTE DES IMAGES QUI PEUVENT CHOQUER
Opinion par: Roger-Luc Chayer (Image: AI – Gay Globe)
Le Village gai de Montréal souffre depuis quelques années d’un laisser-aller social qui a détruit non seulement la réputation de ce qui était connu comme le plus beau village gai au monde, mais aussi une partie de son économie, obligeant les commerçants et les résidents à cohabiter avec des personnes atteintes de troubles sociaux graves, envahissants et franchement dégradants.
Une des situations que l’on remarque de plus en plus de la part des autorités, tant policières que des cadets et des élus, est cette espèce de volonté de plutôt que de réprimer les actes illégaux et les désordres, de tenter de se faire amis avec les drogués et les psychopathes. C’est une observation qui revient souvent de la part de plusieurs observateurs, dont moi-même!
Il y a environ deux semaines, en me promenant en voiture sur la rue Alexandre-de-Sève dans le Village, j’aperçois un amas d’environ 15 à 25 sacs de poubelles remplis. Il semblait qu’un appartement avait été vidé et que les biens avaient été jetés aux poubelles. Le hic, c’est qu’il y avait un individu clairement drogué ou malade mentalement qui éventrait systématiquement tous les sacs pour en examiner le contenu, remplissant le trottoir de milliers de débris atteignant environ un mètre de hauteur à certains endroits. La vue de cette situation était repoussante et, évidemment, comme nous n’étions qu’à quelques pas de la rue Ste-Catherine, tout le monde pouvait voir le carnage et constater une fois de plus dans quel état se trouvait le Village.
Itinérant en train de dormir devant plusieurs commerces sur la rue Ste-Catherine Est, le 18 août 2024 – Source souhaitant rester anonyme
Arrivé au feu rouge de la rue Ste-Catherine, je vois passer quatre cadets de la police qui discutaient calmement. Je leur ai fait signe, leur ai expliqué la situation qui se déroulait juste derrière nous et leur ai demandé s’il était judicieux d’intervenir face à cet individu. Ils sont partis à la rencontre de l’individu.
N’arrivant pas à trouver de place pour stationner mon véhicule, j’ai fait le tour du pâté de maisons et suis revenu au même endroit pour voir les quatre cadets rire et s’amuser avec l’individu. Une cadette a même accepté que le gars lui mette une couronne de plastique sur la tête trouvée dans les poubelles. Plutôt que d’intervenir pour le bien-être de la population et de faire cesser un acte ayant des conséquences importantes pour la collectivité, les cadets jouaient avec le gars, un peu comme s’ils avaient peur d’intervenir, peur de déclencher sa colère ou une crise, peur de faire leur travail au point de préférer devenir amis avec un psychopathe plutôt que de faire respecter la loi. Outrageant! Les autorités chargées d’appliquer la loi et d’assurer la sécurité et l’ordre souffriraient-elles d’une forme de syndrome de Stockholm ?
Groupe de drogués occupant le devant de plusieurs commerces sur la rue Ste-Catherine Est avec leurs déchets, le 17 août 2024 – Source souhaitant rester anonyme
Qu’est-ce que le syndrome de Stockholm?
Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique où une personne prise en otage, victime ou des forces de l’ordre développe des sentiments de sympathie, d’attachement ou même d’amour pour certaines personnes qui commettent des crimes ou des enlèvements. Cela se produit souvent lorsqu’ils passent beaucoup de temps ensemble et que le policier par exemple commence à identifier des qualités humaines chez le criminel, créant ainsi un lien émotionnel paradoxal malgré la situation de danger.
Il est possible que des policiers développent une forme de syndrome de Stockholm face à des criminels, surtout s’ils ressentent une peur constante ou intense envers ces criminels. Bien que le syndrome de Stockholm soit plus souvent associé aux otages, la dynamique de pouvoir et de contrôle peut également se manifester dans des situations où les policiers, pour diverses raisons, commencent à sympathiser ou à s’identifier avec les criminels, peut-être pour atténuer leur propre peur ou pour créer une illusion de contrôle dans une situation perçue comme dangereuse.
Répression, empathie ou syndrome de Stockholm : les résultats seraient-ils les mêmes ?
Les commerçants, les résidents, les visiteurs et les personnes de passage sont unanimes à déplorer l’état social et économique du Village gai de Montréal. Il est clair que la désaffection des commerçants envers ce lieu autrefois mythique ne résulte pas de l’état des rues ou des parcs, mais bien des conséquences des activités de groupes de personnes laissées à elles-mêmes, dans une misère telle que cela éclabousse négativement ce secteur du centre-ville de Montréal. Pourtant, cette situation est sous la responsabilité de la mairesse Valérie Plante, qui est aussi mairesse de l’arrondissement Ville-Marie.
Il y a aussi unanimité parmi la population du secteur quant au fait que les mesures actuelles de cohabitation ne fonctionnent pas et ne pourront jamais fonctionner si nous ne prenons pas en charge ces personnes vulnérables et ne les sortons pas de l’état dans lequel elles se trouvent, que ce soit par médiation ou par répression. La presque totalité des personnes avec qui je discute de la situation dans le Village, à quelques exceptions près, souhaite une répression plus ferme, ce qui permettrait de redonner confiance aux investisseurs commerciaux et résidentiels et de redorer un peu le Village. Mais les gens ne veulent plus perdre de temps ; les années ont prouvé que les mesures actuelles ne fonctionnent pas, passons vite à autre chose !
Le Village, à qui appartient-il finalement : aux élus, aux itinérants et autres cas sociaux, ou aux résidents et commerçants ? Les élus ont prouvé leur impuissance face à la situation actuelle. Nous passons par-dessus les itinérants et autres personnes en difficulté, qui se moquent carrément du Village, pour arriver aux véritables propriétaires de ce quartier : les gens qui y vivent, qui y font des affaires et qui le fréquentent. Les élections municipales approchent à Montréal en 2025. Ne serait-il pas temps de faire le ménage à l’hôtel de ville faute de pouvoir le faire dans la rue ?
Déchets fécaux et autres derrière plusieurs commerces sur la rue Ste-Catherine Est au quotidien, le 18 août 2024 – Source souhaitant rester anonyme