
Roger-Luc Chayer et Carle Jasmin (Image générée par IA – Gay Globe)
Souvent, les préjugés se propagent plus vite que l’information légitime. Leur persistance est tout aussi remarquable : malgré la diffusion de données fiables, ces idées fausses continuent de se perpétuer. Dans le cas des idées préconçues sur les infections transmissibles sexuellement (ITSS) chez les hommes, on croit souvent que les homosexuels sont plus fréquemment porteurs que les hétérosexuels. Qu’en est-il réellement?
Évidemment, de nombreuses recherches sociologiques ont été menées à travers le monde sur plusieurs années pour déterminer si les hommes homosexuels sont davantage à risque d’être porteurs et de transmettre des ITSS. Ces études sont cruciales, car les plans de traitement doivent souvent cibler les populations les plus à risque.
Étude de l’Université d’Oxford
L’étude « Taux de prévalence comparatifs des maladies transmissibles sexuellement chez les hommes hétérosexuels et homosexuels » de l’Université d’Oxford datant de 1980 arrivait à des conclusions intéressantes sur la nature des infections acquises selon l’orientation sexuelle.
Cette étude a comparé les taux de prévalence des maladies transmissibles sexuellement les plus courantes chez les hommes hétérosexuels et homosexuels, ayant respectivement effectué 12 201 et 5 324 consultations dans une clinique de MTS sur une période de 18 mois. Globalement, les hommes homosexuels étaient significativement plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’avoir une gonorrhée (30,31 % contre 19,83 %), une syphilis précoce (1,08 % contre 0,34 %) et des condylomes anaux (2,90 % contre 0,26 %), mais moins susceptibles d’avoir une urétrite non gonococcique (UNG) (14,63 % contre 36,40 %), un herpès génital (0,93 % contre 3,65 %), une pédiculose pubienne (4,30 % contre 5,35 %), la gale (0,42 % contre 0,76 %) et des condylomes génitaux (1,68 % contre 6,69 %).
Que dit Planned Parenthood?
En 2010, l’organisation américaine Planned Parenthood déclarait que les hétérosexuels avaient exactement les mêmes risques de contracter une ITSS que les homosexuels. Toute personne ayant des rapports sexuels avec une autre personne court un risque de contracter une infection transmissible sexuellement (ITS). Le risque d’infection pour une personne homosexuelle n’est pas différent de celui d’une personne hétérosexuelle. Que vous soyez gay, hétéro ou quelque part entre les deux, il est important de pratiquer des relations sexuelles plus sûres. Comparé aux rapports vaginaux et anaux, le sexe oral est moins risqué, mais il existe tout de même un risque d’infection.
Le CDC confirme
Un rapport du Center for Disease Control des États-Unis expliquait en 2021: Les facteurs associés à une vulnérabilité accrue à l’acquisition d’ITS chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes incluent le fait d’avoir plusieurs partenaires, des partenaires anonymes et des partenaires concurrentiels. Les infections récurrentes à la syphilis sont courantes et pourraient être associées à l’infection par le VIH, à l’usage de substances (par exemple, les méthamphétamines) et à plusieurs partenaires sexuels. De même, l’incidence de la gonorrhée a augmenté chez les homosexuels et pourrait présenter une plus grande résistance aux antimicrobiens par rapport à d’autres groupes. L’infection gonococcique chez les homosexuels a été associée à des facteurs de risque similaires à ceux de la syphilis, notamment avoir plusieurs partenaires anonymes et l’usage de substances, en particulier les méthamphétamines.
On remarque qu’avec le temps, les recherches deviennent de plus en plus précises et démontrent malheureusement qu’il est vrai que les ITSS sont plus fréquentes chez les hommes gays que chez les hétérosexuels, d’où l’importance de se protéger autant que possible.
Les ITSS en chiffres
Selon le Gouvernement du Canada et l’Organisation Mondiale de la Santé, on observe une augmentation des ITSS au niveau mondial, avec plus d’un million d’ITSS contractées chaque jour. Les infections transmises par l’échange de fluides génitaux, par contact intime peau à peau ou par contact avec du sang (p.ex., le partage de matériel de consommation) sont appelées des ITSS. Les ITSS comprennent : la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le virus du papillome humain (VPH), le virus herpès simplex (VHS-1 et VHS-2), et les hépatites virales B et C.
En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estimait à 374 millions le nombre de nouvelles infections bactériennes (chlamydia, gonorrhée et syphilis) transmissibles sexuellement (ITSS). La propagation de souches de gonorrhée résistantes aux antimicrobiens, de Mycoplasma genitalium, la syphilis et la syphilis congénitale, l’émergence d’infections telle que la mpox (variole simienne) sont des sujets de préoccupation à l’échelle mondiale.
La prévention reste la meilleure des protections.