Gros mots #168
Des oeuvres musicales charcutées.
La semaine dernière j’écoutais un canal radio de musique classique sur le FM. On y passait un extrait de mon premier disque soit l’Aria d’Alessandro Stradella. Il est fréquent depuis la sortie de ce disque qu’on puisse en entendre des extraits dans diverses stations classiques québécoises. Seulement que pour Radio Ville-Marie, j’y suis passé 28 fois en un seul mois. Bref, nous étions presque rendu aux 3/4 de l’oeuvre quand, soudainement, tout s’est éteint. Deux secondes plus tard, on entend le « gingle » de la station. Je me suis inquiété. J’ai même un instant presque paniqué car je me disais qu’il devait y avoir eu un problème technique pour couper ainsi mon oeuvre… En fait, on avait coupé le quart de ma pièce musicale pour faire place à la publicité qui elle, avait besoin de toute sa place.
Je pense que je n’ai jamais été aussi insulté de toute ma jeune vie. Voilà qu’on me coupait la phrase, le son, l’interprétation pour faire la pub d’une émission à être diffusée la semaine suivante. Non mais! C’était tout de même une station de radio classique réputée sérieuse…
Je me suis alors demandé s’il était d’usage chez nos « boles » radio-canadiennes (entre autres) de couper ainsi les musiciens et pour le savoir, j’ai entrepris un marathon d’écoute qui a duré une semaine. Conclusions, presque toute la musique présentée à la fin des émissions est coupée pour annoncer deux ou trois autres émissions.
Alors aujourd’hui je réagis et je m’insurge contre les pseudo réalisateurs d’émissions de la radio classique qui vont nous faire croire qu’ils connaissent la musique! A t-on déjà pensé à couper l’oeuvre de Léonard de Vinci (La Monalisa) pour qu’elle entre dans un nouveau cadre ou un nouvel espace trop petit pour elle. JAMAIS m’entendez-vous! Il n’y a qu’ici, dans ce pays ou la culture se résume à regarder une partie de hockey avec son chip et sa bière, que l’on pousse l’affront jusqu’à couper une oeuvre musicale en plein milieu pour faire de la place à la pub. Il y avait une fin à cette pièce vous savez. Elle était magnifique et méritait qu’on la laisse se terminer. On nous répondra que ce n’est pas toujours possible de faire coïncider la durée d’une oeuvre avec le temps total d’une émission… Je leur répondrai que sur tous les disques compacts il y a le minutage exact de chaque oeuvre, qu’ils calculent tout simplement leur temps. À moins qu’ils ne savent tout simplement pas lire ni compter? Ce qui expliquerait mon propos d’aujourd’hui.
Je ne remercie pas les gens de Radio-Canada, ni ceux des autres radios qui utilisent des oeuvres musicales pour remplir le temps qui reste à une émission. Il n’y a pas d’honneur à couper une oeuvre en pleine exécution, comme pour un tableau ou un spectacle « live ». On démontre par là le plus élémentaire manque de respect du travail des musiciens et disons-le, son inculture la plus totale.
R.L.C.