Roger-Luc Chayer

Tout le monde a déjà entendu parler d’homophobie et souvent on s’en fait une définition assez simpliste qui signifierait la haine des personnes issues des communautés LGBT, la haine des homos autrement dit. Mais la véritable homo-phobie va bien au-delà de cette définition.
Il est certain que la haine des personnes homosexuelles est souvent associée à l’homophobie mais il y a aussi un élément bien plus important à considérer et c’est la peur des personnes homosexuelles.
« Il y a une vingtaine d’années, à la sortie des bars dans le Village, j’ai été suivi par trois jeunes mecs d’une minorité ethnique, je ne les avais pas vus dans le bar avant et quand j’ai traversé Papineau pour aller vers le métro, ils m’ont attrapé par le manteau et m’ont poussé vers l’entrée de l’ancienne église Vie et Réveil pour me battre. Il y avait tellement de coups que je ne sentais plus mon visage et ils répétaient <sale pédale, tu vas arrêter de vouloir convertir tout le monde à tes cochonneries>, j’en suis resté traumatisé et même aujourd’hui, je ne fréquente plus les bars et je ne me déclare plus ouvertement gai si c’est pour en être châtié », nous raconte Luc, qui ajoute que les policiers n’ont jamais capturé ses agresseurs.
Alain est aussi de Montréal et vit une homophobie de voisinage! « Depuis des années, il y a ces voisins au-dessus de chez moi qui proviennent d’un pays où la religion est reine et à chaque fois qu’ils ont des invités qui viennent avec des enfants, ils avertissent leurs invités de garder un oeil sur les enfants car je serais, selon eux, pédo! Pourtant, j’ai toujours été accueillant et sympathique avec eux, mais c’est plus fort qu’eux, l’association entre homo-sexualité et pédophilie est bien ancrée dans leur tête et je n’y peux rien », me dit Alain qui refuse de porter plainte à la Commission des droits de la personne de peur de représailles de la part d’un de leurs fils plutôt agressif.
Bernard, quant à lui, a un autre type de problème qui lui cause des ennuis au quotidien, il est très efféminé et ses manières lui causent souvent des ennuis. « C’est ma nature, ce n’est pas quelque chose que je contrôle ou que je mets de l’avant pour me faire valoir ou pour affirmer mon homosexualité. Si je le pouvais, je serais plus masculin pour qu’on arrête de se moquer de moi depuis mon adolescence. J’ai l’impression que dans plusieurs aspects de ma vie, on ne me prend pas au sérieux, au travail, même pour louer un logement ou en allant faire l’épicerie, parce que j’ai une façon de parler et de bouger qui semble être caricaturale pour certains. Avant la pandémie, un serveur de resto s’était même moqué de moi en m’imitant devant les autres clients au point de me faire pleurer. J’ai quitté sans payer, tant pis pour lui! », m’explique avec beaucoup d’émotion Bernard qui, visiblement, souffre énormément de sa nature.
L’homophobie a de nombreux visages qui influencent le quotidien de centaines de milliers de Québécois. Le meilleur moyen de les aider est de les soutenir et les appuyer lorsque nécessaire. La journée internationale contre l’homophobie est un moyen de revaloriser l’estime personnelle des personnes LGBT. Bon 17 mai malgré tout!