LUTTE CONTRE LE SIDA Le VIH s’adapte, le vaccin s’éloigne

Slate.fr

Depuis trente ans, le virus évolue en permanence pour contourner les réponses immunitaires humaines. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la mise au point d’un vaccin protecteur.

Ce n’est sans doute pas la publication médicale la plus enthousiasmante de l’année. Une équipe de chercheurs français vient de démontrer que depuis qu’il a été identifié et isolé, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) n’a cessé de s’adapter en «s’humanisant». Au fil du temps et des recombinaisons génétiques, il évolue en donnant naissance à de multiples souches «variantes». Et il parvient à déjouer continuellement les réponses biologiques de défense que les personnes infectées développent naturellement contre lui.

Au centre de cette découverte, les anticorps neutralisants. On désigne ainsi des molécules synthétisées par l’organisme lorsqu’il est confronté à certains virus pathogènes. Parallèlement à l’immunité dite «cellulaire» (celle des CD4 notamment), ces anticorps (immunité  dite «humorale») ont pour fonction de s’opposer aux infections ou aux réinfections. Dans le cas du VIH, ces mêmes anticorps agissent en tentant de s’opposer à l’entrée du virus dans les cellules qu’il cherche à infecter.

Mais à eux seuls ils ne parviennent pas à protéger l’organisme de l’infection. La plupart des recherches sur les vaccins protecteurs se fondent sur ces anticorps: l’idée centrale est de parvenir à en faire produire suffisamment pour protéger contre l’infection si le VIH pénètre dans l’organisme. Usant d’un euphémisme concernant la découverte des chercheurs français, l’Inserm explique dans un communiqué de presse que cette dernière «complique» la mise au point d’un vaccin préventif efficace.

Les auteurs démontrent qu’au cours de l’épidémie, le VIH est devenu de plus en plus insensible aux anticorps neutralisants produits contre lui. Les chercheurs sont parvenus à démontrer ce phénomène en analysant les variations fines de structure des souches de VIH conservées dans plusieurs collections virologiques. Ces souches provenaient de prélèvements effectués sur 40 malades entre 1987 et 2010.

Dans ce contexte, les résultats des analyses génétiques fines de l’évolution des VIH depuis 1987 viennent compliquer une tâche qui était déjà éminemment complexe. C’est pourquoi ces résultats constituent ce que l’Inserm dénomme une «sombre perspective». Cette forme d’adaptation continue du VIH à l’évolution des réponses immunitaires humaines dirigées contre lui est un phénomène inattendu et malencontreux qui témoigne d’un nouvel aspect du «génie pathogène» du VIH.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

3 + 18 =