Quand la désinformation décide des élections : les dangers d’une opinion truquée

Roger-Luc Chayer (Photos: Fermes à clics en Asie – sources inconnues)

Depuis le déclenchement de l’élection fédérale au Canada, de nombreux messages contenant de faux renseignements et des discours haineux contre des candidats ou des chefs de partis circulent sur les réseaux sociaux. Ce phénomène était prévisible, car certains pays ont un fort intérêt à manipuler l’opinion publique afin de favoriser le candidat de leur choix.

Les faux comptes obscurs attribués à Marc Carney, les déclarations anti-Québec et hostiles au français prétendument faites par Pierre Poilievre, les pseudo-espions indiens visant à promouvoir certains candidats députés… Bref, la désinformation bat son plein. Ces fausses informations sont largement consommées par les Canadiens, qui les amplifient en commentant à tort et à travers, laissant libre cours à leur indignation du moment.

Comment détecter ces publications manipulatrices ?

  1. Absence d’interaction avec l’auteur : Peu importe ce que vous direz ou demanderez, la personne à l’origine de la publication ne vous répondra jamais, car il s’agit souvent d’un robot.
  2. Absence de sources fiables : Si l’information n’apparaît que sur les réseaux sociaux et n’est corroborée par aucun média national ou professionnel – tels que Radio-Canada, CBS, CNN, BBC, etc. – c’est probablement parce qu’elle a été filtrée par les journalistes, qui l’ont jugée fausse.
  3. Engagement suspectement élevé : Si vous remarquez une très forte unanimité dans les réactions (des milliers de « J’aime » en appui à une publication mensongère), il y a de fortes chances que des fermes à clics soient à l’œuvre pour créer l’illusion d’un consensus massif autour d’une fausse information.

Est-ce que ça concerne aussi la question LGBT ?

Des robots et des fermes à clics ont déjà été utilisés pour manipuler l’opinion publique sur les questions LGBT. Des campagnes de désinformation, souvent orchestrées par des groupes politiques ou des États hostiles aux droits LGBT, diffusent de fausses informations pour attiser la polarisation. Des algorithmes amplifient les discours extrémistes en créant une fausse impression de soutien massif à des idées controversées. En exploitant des préjugés et des peurs, ces manipulations influencent les débats publics et les décisions politiques. Cette stratégie vise à diviser les sociétés et à ralentir les avancées législatives en matière de droits LGBT.

Qui sont les principales victimes de ces fausses publications ?

Les personnes les plus vulnérables face à la désinformation sont celles qui ne consomment leurs informations que sur les réseaux sociaux, ce qui les prive de sources professionnelles permettant de corroborer les faits. Elles incluent également celles qui, malheureusement, ne disposent pas d’une éducation ou d’un sens du jugement suffisant pour comprendre la manipulation dont elles sont victimes. Et ces personnes sont nombreuses : les conspirationnistes, les négationnistes, ceux qui croient que les vaccins contre la COVID-19 ont été administrés pour contrôler la pensée de la population, ceux qui sont persuadés que les traînées de condensation des avions sont en réalité des produits chimiques dispersés par les gouvernements pour abrutir la population et l’empêcher de voir la vérité, ou encore ceux qui croient que la Terre est plate.

Malheureusement, toutes ces personnes ont le droit de vote, et ce sont précisément elles que les manipulateurs d’opinion ciblent pour les inciter à voter pour n’importe qui ou n’importe quoi. Et parfois, cette stratégie fonctionne : il suffit de regarder ce qui se passe avec Donald Trump aux États-Unis.

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