Roger-Luc Chayer (Image: Steel Supplement)
Le sujet est très délicat, et peu d’hommes en parlent, que ce soit ouvertement ou en privé avec leurs conjoints ou leurs amis. Cependant, malgré l’inconfort lié au thème de l’éjaculation, la recherche nous pousse à publier ces informations, d’autant plus que le constat est sans appel : l’éjaculation prévient le cancer de la prostate !
Une rumeur circulait depuis de nombreuses années, affirmant que la masturbation était bénéfique pour la prostate. Toutefois, ce n’est pas tant la masturbation elle-même qui est bénéfique, mais plutôt l’éjaculation, bien que l’une soit souvent liée à l’autre. Trois études universitaires crédibles menées ces dernières années confirment que l’éjaculation n’est pas seulement bénéfique contre le cancer de la prostate, elle permet également de régénérer certaines cellules prostatiques.
Quel est le mécanisme exacte de l’éjaculation?
Selon la National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, l’éjaculation est un processus complexe impliquant plusieurs systèmes corporels. Elle commence dans le cerveau, où des signaux nerveux sont envoyés en réponse à une stimulation sexuelle. Cela active le système nerveux sympathique, responsable des réactions involontaires. Ces signaux déclenchent la contraction des muscles lisses dans les canaux déférents, la prostate et les vésicules séminales, ce qui pousse le sperme et le liquide séminal vers l’urètre. Ensuite, des contractions rythmiques des muscles pelviens permettent l’expulsion du sperme à travers l’urètre et hors du corps.
La National Library of Medicine
La National Library of Medicine publiait en 2016 l’étude « La fréquence d’éjaculation et le risque de cancer de la prostate » et tirait la conclusion suivante: Ces résultats fournissent des preuves supplémentaires du rôle bénéfique d’une éjaculation plus fréquente tout au long de la vie adulte dans l’étiologie du cancer de la prostate, en particulier pour les formes à faible risque. Nous avons évalué si la fréquence des éjaculations tout au long de l’âge adulte était liée au risque de cancer de la prostate dans une grande étude menée aux États-Unis. Nous avons constaté que les hommes déclarant une fréquence d’éjaculation plus élevée comparée à une fréquence plus faible à l’âge adulte avaient moins de chances d’être diagnostiqués par la suite avec un cancer de la prostate.
L’Université de Boston
En 2018, l’Université de Boston publiait l’étude « L’éjaculation modifie les tissus de la prostate, réduisant le risque de cancer » dans son journal The Brink et tirait les conclusions suivantes: L’étude, publiée dans European Urology, révèle des preuves que des éjaculations plus fréquentes affectent l’expression de 409 gènes et six processus biologiques. L’étude pourrait soutenir l’« hypothèse de la stagnation prostatique », selon laquelle des agents cancérigènes s’accumulent dans la prostate entre les éjaculations et affectent le génome et les processus métaboliques des cellules. Ensuite, en se concentrant sur la fréquence d’éjaculation en 1991, les chercheurs ont trouvé des associations avec six processus biologiques différents au niveau cellulaire. L’association la plus significative était avec la protéolyse médiée par l’ubiquitine, qui est impliquée dans la régulation du cycle cellulaire. Les chercheurs ont également noté une association entre des taux d’éjaculation plus élevés et des cellules produisant et exportant plus de citrate, un composant du sperme, car une production de citrate plus faible est une caractéristique distinctive du cancer de la prostate.
L’Université d’Harvard
Enfin, en 2022, la Harvard Medical School de l’Université du même nom publiait la recherche « Fréquence d’éjaculation et cancer de la prostate » qui concluait: Les scientifiques n’ont trouvé aucune preuve que des éjaculations fréquentes augmentent le risque de cancer de la prostate. En fait, c’était même l’inverse : une fréquence élevée d’éjaculations était liée à un risque réduit. Par rapport aux hommes qui ont déclaré avoir 4 à 7 éjaculations par mois tout au long de leur vie, ceux qui éjaculaient 21 fois ou plus par mois bénéficiaient d’un risque de cancer de la prostate réduit de 31 %. De plus, les résultats ont résisté à une évaluation statistique rigoureuse, même après avoir pris en compte d’autres facteurs liés au mode de vie et la fréquence des tests de PSA.
Conclusion
Il est indéniable que nous ne sommes plus dans le domaine de la rumeur, et la recherche médicale confirme que l’éjaculation permet d’expulser des substances cancérigènes. Plus la fréquence des éjaculations est élevée, meilleurs sont les résultats en ce qui concerne le cancer de la prostate.
Un autre fait découlant de ces recherches nous permet de conclure que l’éjaculation est encore plus efficace que n’importe quel autre traitement préventif, vitamines ou médicaments. Si le sujet vous met mal à l’aise et que vous n’êtes pas à l’aise d’en parler avec vos relations ou vos conjoints, car cela nécessite souvent de travailler sur la question « en solitaire », vous pouvez demander conseil auprès de votre médecin de famille ou de n’importe quel travailleur social, pour qui les questions liées à la sexualité sont tout à fait banales.