Tout le monde ou presque a entendu parler de cette terrible nou- velle en provenance de la Tchétchénie selon laquelle cette répu- blique de Russie aurait ouvert un «camp de concentration» destiné aux personnes homosexuelles où on commettrait des actes illé- gaux graves, de la torture et même des exécutions.
De nombreuses organisations de défense des homosexuels dans le monde, de même que des politiciens et organisations comme l’Union européenne ou l’ONU se déclarent outrées par l’existence de tels «camps»! Or, et je dis ceci sous toutes réserves d’en- quêtes ultérieures à long terme, il se pourrait que cette affaire ne soit qu’un canular, une fausse nouvelle ou des faits alternatifs.
Le site Internet Hoaxbuster est spécialisé dans les analyses et enquêtes sur des rumeurs de toute nature. Il a une très bonne réputation quant aux sujets qu’il traite et, récemment, soumettait à ses membres la question des camps tchétchènes. La plupart des grands médias internationaux, français ou autres qui traitent de la question se demandent encore et toujours si ces camps existent vraiment, car à ce jour, personne n’a réussi à en avoir la preuve, ni des prétendues tortures et encore moins des morts d’homo- sexuels.
Par exemple, Amnesty International, organisation oeuvrant dans la défense des droits des personnes opprimées dans le monde, invitait récemment le public à exiger des explications des autorités russes, sans toutefois présenter la moindre corroboration des faits dénoncés dans son appel public. En fait, le problème avec la ques- tion des pseudo camps tchétchènes est qu’il n’existe aucun moyen
actuellement de confirmer les informations qui circulent tant dans les médias que sur les réseaux sociaux, parce que ceux qui pré- tendent avoir des sources et connaître des victimes refusent de livrer l’identité de ces personnes à Amnesty International ou à Human Rights Watch, prétextant devoir assurer leur plus stricte sécurité.
Or, ce qui me préoccupe principalement à la date de publication de cet article, c’est que même si on connaît l’adresse exacte du prétendu camp, même si on peut circuler relativement facilement à Argoun, ville qui abriterait ce «camp» et même si on peut surveiller ce qui s’y passe tant de la rue que des airs, strictement rien ne per- met aujourd’hui de conclure que ce local servirait à commettre des gestes graves à l’endroit de personnes de la communauté gaie.
Pire, dans son article original qui parlait de harcèlement de per- sonnes homosexuelles en Tchétchénie, publié un 1er avril, le journal Novaya Gazeta n’utilisait même pas le terme de «camp de concentration». En fait, c’est le Daily Mail de Grande-Bretagne qui a utilisé la première fois ce terme, sans n’y avoir jamais mis les pieds!
En attendant que des autorités neutres de l’Union européenne ou des enquêteurs du Tribunal pénal international des droits de l’homme puissent examiner ces locaux, interviewer des personnes arrêtées ou torturées et faire un constat réel de la situation, la plus grande prudence s’impose sur cette nouvelle. Quand on parle des premiers camps de la mort pour homosexuels depuis Adolf Hitler, l’affirmation en soi est assez grave pour mériter une réflexion sé- rieuse et complète. Nous y reviendrons…