Tourisme spatial ou marketing cosmique ? La fusée de trop.

Photo Blue Origin

Roger-Luc Chayer (Photo: Blue Origin)

Je ne suis ni conspirationniste, ni négationniste, ni anti-tout, ni du genre à douter de tout et de rien. Ceux qui me lisent depuis des années savent que ce n’est pas dans ma nature.

Cela dit, depuis le lancement de la fusée Blue Origin de Jeff Bozos cette semaine, j’ai un drôle de feeling… Comme si on avait tenté de nous en passer une petite vite.

J’ai fait quelques recherches sur l’appareil, son contenu et certaines affirmations faites par Blue Origin. D’abord, on nous a copieusement servi l’idée que les participantes à ce vol de 11 minutes étaient désormais des « astronautes ». Vraiment ?

Ces femmes, habillées d’une combinaison plutôt stylée — il faut l’avouer — n’avaient ni casque, ni oxygène, et leurs vêtements n’auraient jamais survécu aux conditions du véritable vide spatial.

La nacelle qui les a transportées n’était d’ailleurs pas conçue pour aller dans l’espace profond. Elle n’a fait que dépasser légèrement la limite d’altitude des avions commerciaux, soit environ 88 km, pour atteindre la ligne de Kármán à 100 km. Cette ligne, établie arbitrairement en 1957, marque une frontière théorique — pas une réalité physique de l’espace.

La preuve ? Dès que la fusée s’est éteinte, j’ai vu en temps réel, chiffres à l’appui, que l’engin a amorcé une descente lente. Pendant deux petites minutes, les passagères ont flotté — une sensation comparable à celle créée dans un avion d’entraînement qui monte puis redescend brusquement pour simuler l’apesanteur. C’est aussi ce que vivent les visiteurs des montagnes russes à La Ronde. Mais on ne devient pas astronaute pour autant en achetant un billet d’entrée.

Enfin — et c’est là que je décroche complètement — c’est l’accent exagéré mis sur le fait qu’un équipage entièrement féminin aurait accompli une première mondiale en allant « dans l’espace ». Or, ce n’était pas l’espace. Et ce genre d’annonce, selon moi, infantilise les femmes plus qu’il ne les célèbre.

Cela fait des décennies que des femmes sont de véritables astronautes : elles participent à des missions complexes, pilotent des navettes, séjournent dans la Station spatiale internationale. Ce n’est plus exceptionnel, c’est la norme. Et c’est tant mieux.

Ce qui est insultant, c’est de voir encore des entreprises médiatiser à outrance le simple fait qu’un groupe de femmes a fait un tour en altitude, comme s’il s’agissait d’un exploit scientifique. Les femmes atteignent les mêmes objectifs que les hommes dans l’espace, avec les mêmes entraînements, les mêmes exigences et le même mérite. Elles n’ont pas besoin d’un coup de pub marketing pour prouver leur valeur.

Soyons honnêtes : cette semaine, on a envoyé un groupe de touristes légèrement plus haut que d’habitude, et on leur a fait croire qu’elles avaient rejoint le club fermé de Neil Armstrong et des astronautes ayant passé près d’un an dans la station orbitale.

Mais entre 11 minutes de vol plané et une mission spatiale réelle, il y a tout un univers.

À quand un vol avec un groupe de drag queens ou de twinks homos?

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