
Roger-Luc Chayer (Image: Générée par IA – Gay Globe)
Jamais dans l’histoire des États-Unis n’avions-nous été témoins d’une telle purge imminente, marquée notamment par la nomination de secrétaires partageant un objectif commun : procéder à l’effacement des communautés LGBTQ+. Certes, il y a eu une époque où le directeur du FBI, John Edgar Hoover, attaquait quiconque s’opposait aux politiques gouvernementales en les accusant d’être des communistes. Cependant, nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une réalité encore plus troublante : l’effacement de décennies de droits sociaux durement acquis. Cela touche également la gestion du VIH/SIDA, et voici pourquoi :
Le sénateur Marco Rubio, candidat au poste de secrétaire d’État, a une longue histoire d’attaques à tous les niveaux contre les communautés LGBT, que ce soit dans l’armée, dans l’éducation ou dans l’accès aux traitements médicaux pour les personnes trans.
Matt Gaetz, prétendant au poste de Procureur général. Au Congrès, Gaetz s’est opposé aux protections fédérales pour les personnes LGBTQ+, telles que l’Equality Act, qui interdirait la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans divers domaines de la vie publique, ainsi que le Respect for Marriage Act, une loi signée par le président Joe Biden pour protéger le mariage LGBTQ+. L’année dernière, il a soutenu une législation visant à empêcher les programmes sportifs scolaires de permettre aux filles trans de participer aux sports féminins.
Robert F. Kennedy Jr., prétendant au poste de Secrétaire à la santé, a récemment qualifié les soins d’affirmation de genre de « problème non existentiel », mais il s’est tout de même prononcé à ce sujet en soutenant une interdiction de certains traitements, notamment les bloqueurs de puberté et l’hormonothérapie pour les mineurs.
Il faut bien se rendre à l’évidence : le cabinet que souhaite mettre en place le président élu Donald Trump aura pour objectif de légitimer toutes les croyances et préjugés à l’encontre de nos communautés. Il permettra surtout la prise de décisions aux conséquences très graves pour la vie des minorités sexuelles, non seulement dans ce pays, mais aussi à l’échelle mondiale. De nombreux gouvernements ne manqueront pas de célébrer ce retour à une grande noirceur pour nous toutes et tous.
Comment réagir et se protéger?
Malhreureusement, il n’y a pas tellement de solutions pour nous prémunir contre ce qui risque d’arriver. Le Sénat, dans son processus d’enquête et de confirmation des nominations, pourrait refuser la candidature de certains de ces candidats au cabinet, mais il pourrait aussi simplement se retirer du processus et laisser aller le Président à sa guise avec les nominations, sans la moindre possibilité de s’y opposer.
Ça s’appelle les « nominations en période de suspension parlementaire » (recess appointments). Les recess appointments désignent une procédure aux États-Unis qui permet au président de pourvoir temporairement certains postes importants sans attendre la confirmation du Sénat, lorsque celui-ci est en pause ou hors session. Ces nominations visent à garantir le bon fonctionnement des institutions en l’absence de validation législative immédiate, mais elles sont souvent perçues comme controversées, car elles contournent le processus habituel de vérification et de débat par le Sénat. Les personnes nommées de cette manière peuvent exercer leurs fonctions jusqu’à la fin de la prochaine session législative, à moins qu’elles ne soient confirmées entre-temps.
Il s’agirait alors d’un geste complètement anti-démocratique, permettant non seulement au président Trump, mais aussi à sa cohorte de membres du cabinet, de passer à l’acte sans que le Congrès n’y puisse rien. Nous avons déjà vu cela dans le passé, en Allemagne, en Italie, en Espagne, et nous savons comment cela s’est terminé.
Souhaitons-nous bonne chance !