Vaccin contre le VIH-sida: Québec doit oublier l’usine

Le tout premier vaccin contre le VIH-sida ne sera pas produit à Québec. La Fondation Bill
Gates et le gouvernement canadien ont préféré mettre le projet sur la glace.

Le recteur de l’Université Laval,
Denis Brière, en a eu la confirmation
mercredi lors d’un entretien
avec des représentants
de l’Agence canadienne de la
santé publique : aucune des
quatre universités qui étaient
sur les rangs pour diriger ce
projet-pilote n’a remporté l’appel
d’offres, fruit d’un partenariat
entre Ottawa et la fondation
Gates. Québec mord la poussière,
mais elle n’est pas la
seule : London, Peterborough
et Winnipeg repartent aussi
bredouilles.
«On n’a pas voulu nous donner
de raisons. Mais on a compris
qu’il n’y aurait pas de deuxième
chance», a indiqué M. Brière lors
d’un entretien avec Le Soleil. Le
recteur s’étonne de cette situation
«inhabituelle», précisant
qu’il est très rare que ce genre
d’appel d’offres soit annulé à la
toute dernière minute. «On a
travaillé sur ce projet pendant
près d’un an, on a mis beaucoup
d’énergie pour réunir 27
partenaires. On trouve ça très
déplorable qu’il n’y ait pas eu
de gagnant et que le projet soit
abandonné», affirme-t-il. L’Université
estime que l’ébauche de
sa candidature lui a coûté plus
de 750 000 $, en calculant le
temps investi par son personnel.
Selon l’entente conclue, le Canada
devait financer la majorité
des coûts liés au projet – 60 millions
$ -, alors que la Fondation
Bill Gates s’était engagée à allonger
28 millions $.
L’argent devait servir à financer
la «conception, construction
et mise en marché d’une usine
pilote de vaccins contre le
VIH-sida destinés aux études
cliniques au Canada», pouvaiton
lire dans un document de
l’Université soumis à la Ville de
Québec.
Avec ses 250 scientifiques, le
Centre de recherche en infectiologie
de l’Université Laval
est l’un des plus importants au
Canada, regroupant 250 scientifiques.
Son directeur, le Dr Michel
G. Bergeron, fait de la lutte
contre le VIH-sida une priorité.
Et l’Université Laval entend
bien poursuivre dans cette voie.
«On va continuer à développer
l’avancement des connaissances
concernant le VIH-sida à
l’Université Laval, a indiqué M.
Brière. Si jamais le projet ressuscite
sous une autre forme,
on sera toujours là.»
Gay Globe Magazine
sur le web
www.gayglobe.us
Le cahier de candidature, qui
comportait une étude de faisabilité,
a été financé à parts égales
entre la Ville de Québec et
le gouvernement provincial, à
la hauteur de 350 000 $.
«En bout de ligne, ce n’est pas
l’Université Laval qui est perdante,
c’est plutôt le développement
d’un vaccin contre le VIHsida.
Il va encore y avoir des
délais, et c’est dommage pour
les pays en développement»,
ajoute M. Brière.
À la Fondation Bill Gates, on
nous a référé mercredi à l’Agence
canadienne de la santé publique,
qui nous a répondu par
un courriel laconique. «Pour
l’avenir, le gouvernement du
Canada et la Fondation Gates
continueront de travailler ensemble
dans le but d’accélérer
la mise au point d’un vaccin sûr,
efficace, abordable et accessible
contre le VIH-sida. Compte
tenu de l’importance de nos objectifs,
nous examinons toutes
les options et nous prendrons le
temps nécessaire pour veiller à
ce que l’orientation que nous
prenons et les activités que
nous choisissons d’appuyer
produisent des résultats optimaux
», peut-on lire dans la
missive envoyée au Soleil.