Le plus bel homme selon l’IA

Roger-Luc Chayer (Images générées par IA – Gay Globe)

Tous les goûts sont dans la nature, d’après le vieil adage, mais ils le sont aussi dans les circuits robotisés et, quant à ce dernier élément, je dois admettre que l’Intelligence Artificielle (IA) a parfois très bon goût !

Régulièrement, je fais des tests avec divers outils d’intelligence artificielle, tant pour les images que pour la révision, l’analyse ou la correction de textes. Dans tous les cas, peu importe le système ou le logiciel utilisé, les résultats sont très différents. Il y a même des logiciels qui, en plus de ne pas savoir corriger un français des plus élémentaires, ajoutent des fautes à un texte qui n’en avait pas. Faut le faire.

Aujourd’hui, j’ai voulu mettre au défi deux logiciels d’IA différents que je connais comme très performants quant à la création d’images pour accompagner certains articles généralistes du fil de presse de Gay Globe ou pour publier dans le Magazine Gay Globe, encore une fois lorsque le sujet est généraliste et ne nécessite pas l’identification d’une personne ou d’un lieu précis.

Copilot vs DeepAI.org

Sur le ring de boxe, deux belligérants très différents. Le premier, Copilot, appartient à Microsoft et est très utile pour générer des images artificielles ou des logos rapidement avec beaucoup de créativité. L’autre, Deepai.org. Deep AI a été fondée par Kevin Baragona, un ingénieur généraliste et entrepreneur. La société a été officiellement créée en 2016 à San Francisco dans le but de rendre l’IA accessible au grand public.

J’ai posé exactement la même question aux deux logiciels avec exactement les mêmes paramètres pour voir ce qu’ils allaient générer. La question était : Créez une image du plus bel homme de 20 ans selon votre expérience.

La question est très large et ouvre la porte à n’importe quoi. Je demandais à deux logiciels, sans la moindre intervention humaine autre que ma question, de me créer l’image du plus beau mec de 20 ans, selon les propres critères de beauté de ces logiciels. Aucune mention de la race, de la religion, de l’orientation sexuelle, rien d’autre que l’âge de 20 ans. Et les résultats sont stupéfiants !

Résultats

L’image de gauche a été générée par Copilot, tandis que celle de droite l’a été par Deep AI. Dans les deux cas, les logiciels ont créé des hommes d’une vingtaine d’années, très beaux, vous en conviendrez. Cependant, les deux systèmes ont généré des hommes répondant à leurs propres critères de beauté : ils sont blancs, ont les yeux clairs, sont relativement musclés, et, tandis que Copilot a créé un homme rayonnant de bonheur, Deep AI a opté pour une expression un peu plus sérieuse, ce qui n’enlève rien à son charme.

J’ai aussi été surpris de ne voir aucune mixité de races ou d’apparences. On ne m’a pas proposé un bel homme asiatique ou noir, ni un juif ou un musulman. On ne m’a pas non plus donné un beau gars un peu grassouillet. La beauté, même pour l’informatique, semble se limiter à des hommes blancs et minces.

Par expérience, avec l’usage régulier que je fais de l’intelligence artificielle pour la révision et la correction de certains textes, j’ai constaté que ces systèmes ont aussi un inconfort avec tout ce qui est homosexuel. Ils vont souvent associer un sujet homosexuel à quelque chose de pervers ou d’immoral. Ce qui me choque parfois, et c’est grâce à la transparence de ces logiciels que je peux arriver à ce constat, c’est que ce sont des logiciels conversationnels ou d’apprentissage cumulatif qui ne font que répondre en fonction de l’accumulation des demandes et des réponses produites par les humains. On peut donc tristement conclure qu’en 2024, des millions d’utilisateurs dans le monde ont encore une vision négative, perverse ou immorale de l’homosexualité et de nos communautés LGBTQ+.

Les logiciels ne mentent pas.

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