1996- Gros-mots Quotas de musiciens

Le mois dernier, RG offrait la chance aux lecteurs de réagir sur la situation des quotas de musiciens ou d’artistes dans les entreprises culturelles québécoises subventionnées par l’état. Certains d’entre vous ont réagi et ont soulevé des questions intéressantes auxquelles je vais tenter de répondre aujourd’hui. Pourquoi instaurer des quotas à l’Orchestre symphonique de Montréal quand on sait qu’ils engageront, de toute façon, les meilleurs musiciens québécois? Faux, il n’y a actuellement que 20 musiciens québécois sur 120 à l’O.S.M. Avec plus de 80 % d’étrangers dans un orchestre qui reçoit 50% de son budget en subventions avec nos taxes, ça ne laisse pas de place pour NOS musiciens. Qu’est-ce qui empêche les musiciens québécois de postuler? Les postes sont occupés par des étrangers. Quand ceux-ci prendront leur retraite, on pourra faire l’audition mais attention, à l’O.S.M. on a la fâcheuse habitude de convoquer des auditions en sachant à l’avance qui on veut. Quand on veut être certain de prendre John Smith du Texas, on convoque une audition, on paie le billet d’avion et l’hôtel de monsieur Smith, on écoute tous les candidats et à la fin, on annonce que monsieur Smith est gagnant du poste, merde aux autres! Quand un musicien de l’orchestre est malade, c’est sûrement un musicien local qui le remplace? Faux, on préfère faire venir de New-York à grands frais un musicien, généralement un ami de ceux qui sont à l’orchestre, sans se préoccuper de savoir si quelqu’un est libre à Montréal. Est-ce que les Québécois sont assez bons pour l’O.S.M.? Sûrement meilleurs que ceux qui sont là actuellement puisque les meilleurs musiciens du Québec sont, pour la plupart, solistes des plus grands orchestres d’Europe. Réunissons tous ces Québécois exilés à cause du manque de quotas, et on aura l’orchestre no.1 au monde! Qu’est-ce qui se fait ailleurs en matière de quotas? Afin de protéger leurs musiciens talentueux, les européens appliquent des quotas depuis la seconde guerre mondiale. 60% de locaux pour 40% d’étrangers. Tous les organismes culturels subventionnés par l’état doivent respecter ces quotas et personne ne conteste ces mesures visant la protection des cultures locales et des emplois artistiques.

Et que font nos politiciens? Le député André BOULERICE, 8 années à l’opposition comme critique culturel, consulté sur la question, promet l’annonce d’une stratégie gouvernementale d’ici quelques jours. Vivement qu’on rétablisse une certaine logique dans le fait de payer la majorité des frais d’un organisme culturel qui n’emploie pratiquement aucun québécois. C’est une honte, c’est une injustice!

A suivre…