ACTION CONTRE RADIO-CANADA Il reproche à Bernard Derome des termes dérogatoires

Roger-Luc Chayer selon jugements.qc.ca

Le demandeur Jean-François Plante, candidat pour l’Action démocratique du Québec dirigée par Mario Dumont aux élections de mars 2007, reproche aux défendeurs (2011) d’avoir qualifié les propos qu’il a tenus à différentes occasions de «sexistes» et d’«homophobes» et il leur réclame à titre de dommages-intérêts la somme de 300 000 $.

Les qualificatifs reprochés aux défendeurs portent sur des reportages des 5, 6 et 8 mars 2007 ainsi que sur des commentaires faits par le codéfendeur Bernard Derome lors de la soirée des élections, le 26 mars 2007. Une simple vérification de la part des codéfendeurs aurait pu leur permettre de constater que le demandeur n’était ni sexiste ni homophobe, et, selon ses prétentions, le traitement de la nouvelle a causé un tort irréparable à sa personne, à sa réputation et à sa carrière politique.

Les codéfendeurs Biron et Derome ont-ils porté atteinte à la réputation du demandeur lorsqu’ils ont qualifié ses propos de sexistes et d’homophobes, et, ce faisant, ont-ils commis une faute à l’égard du demandeur, engageant leur responsabilité et celle de leur employeur, Radio-Canada, justifiant l’octroi de dommages-intérêts?

La réponse à cette question doit être négative. Il est important de replacer le présent litige dans son contexte tout à fait particulier.

1. Le demandeur est un animateur de radio Internet et il se qualifie lui-même d’animateur polémiste.

2. Il s’est porté candidat adéquiste dans le comté de Deux-Montagnes, aux élections provinciales de mars 2007.

3. Il a tenu des propos hautement controversés sur les événements de Polytechnique, sur la violence faite aux femmes, et sur le féminisme en général.

4. Il a insisté sur le fait que les événements de Polytechnique avaient été récupérés par les féministes et, qu’en aucune circonstance, il se permettrait de porter le ruban blanc afin de souligner et dénoncer ces événements.

5. Il s’est déclaré contre la Loi sur l’équité salariale[14] laquelle n’aurait dû se limiter qu’à la notion de travail égal/salaire égal, pour écarter le concept de travail équivalent – salaire égal.

6. Il s’oppose à toute forme de discrimination positive en faveur des femmes.

7. Il s’est permis de commenter l’attitude du chef André Boisclair sur son homosexualité, lors d’une émission avec un animateur très controversé, et dans le cadre d’une campagne électorale où il était lui-même candidat.

Peut-il se surprendre, dans de telles circonstances, que ses propos aient fait l’objet de questions bien précises à son chef Mario Dumont, et fassent l’objet de reportages et de commentaires à la télévision? Les commentaires et les reportages des défendeurs respectent en tous points les règles de l’art, répondent au haut degré de professionnalisme exigé par la codéfenderesse Radio-Canada de ses employés. La cause sera donc rejetée avec dépens.