Wikipédia
Harmodios et Aristogiton, tous deux morts en 514 av. J.-C., sont les tyrannoctones, assassins du Tyran athénien Hipparque. Aristogiton est un Athénien de classe moyenne; Harmodios, son jeune amant, appartient aux cercles aristocratiques de la cité. Selon Thucydide, Harmodios repousse les avances d’Hipparque, l’un des Pisistratides. Pour se venger, celui-ci invite tout d’abord la sœur du jeune homme à être canéphore aux Panathénées, honneur réservé aux filles des plus grandes familles d’Athènes, puis la chasse publiquement du cortège sous prétexte qu’elle ne mérite pas cet honneur. Selon Aristote, c’est Thessalos, fils de la concubine argienne de Pisistrate, et donc demi-frère d’Hipparque, qui est repoussé par Harmodios et empêche la sœur du jeune homme d’être canéphore.
L’incident incite Harmodios et Aristogiton à se débarrasser d’Hipparque, auteur de l’offense, mais aussi et surtout de son frère Hippias, seul à exercer véritablement le pouvoir. Les amants recrutent rapidement une petite bande; leur plan est de profiter du défilé des Grandes Panathénées pour assassiner Hippias et Hipparque. Thucydide précise que c’était le « seul jour où il fut possible aux citoyens qui devaient former le cortège de s’assembler en armes sans exciter la méfiance ». Aristote proteste contre ce détail, arguant pour sa part qu’« alors on ne faisait pas la procession en armes ; cet usage fut introduit plus tard par la démocratie. »
Le jour dit, Harmodios et Aristogiton observent l’un des conjurés discutant au Céramique — sur l’Acropole, selon Aristote — avec Hippias entouré de ses gardes. Craignant d’avoir été trahis, ils rebroussent chemin et rencontrent sur leur route Hipparque, à l’écart de son escorte.
Ils le poignardent, Harmodios est tué peu après par les gardes, tandis qu’Aristogiton s’enfuit dans la foule. Il est arrêté peu après, torturé et exécuté, non sans avoir eu le temps d’avouer le nom de ses complices, tous aristocrates.
Harmodios et Aristogiton sont traités comme des héros après la chute d’Hippias. Des statues en bronze, œuvre d’Anténor, sont érigées en leur honneur sur l’agora à une date qui reste discutée: Pline l’Ancien la situe la même année que la fin de la royauté à Rome, c’est-à-dire en 510-509 av. J.-C. Cependant, Pline se réfère plus probablement à la chute de la tyrannie d’Hippias, effectivement survenue en 510 av. J.-C.
Les chants populaires athéniens attribuent aux tyrannoctones une place dans les îles des Bienheureux, aux côtés d’Achille. Il n’est pas possible de donner leurs noms aux esclaves; les propos diffamatoires à leur encontre sont également interdits. Leurs descendants font aussi l’objet d’égards particuliers: Plutarque rapporte qu’Aristide le Juste donne une terre en dot à une petite-fille d’Aristogiton, si pauvre qu’elle ne pouvait trouver un mari, et la marie à un citoyen de bonne naissance. Pourtant, dès l’époque classique, Thucydide s’était efforcé de relativiser la portée du geste des tyrannoctones, déclarant à l’issue de son récit: « c’est ainsi qu’une blessure d’amour explique successivement, chez Harmodios et Aristogiton, l’idée première du complot et le coup d’audace provoqué par un affolement subit ». Le traducteur Pierre Chambry pense que c’est Harmodios et Aristogiton que Xénophon a dans l’esprit quand il parle de statues élevées aux assassins de tyrans au Chapitre IV de Hiéron.