Comment expliquer la fierté gaie?

Roger-Luc Chayer

En près de 25 ans de journalisme professionnel et après tous les sujets traités au fil de ces années, celui d’expliquer la fierté gaie est le plus difficile, le plus ardu pour moi!

Pourtant, je suis journaliste au sein de cette communauté depuis longtemps me direz-vous! Je devrais savoir exactement comment expliquer la fierté gaie en effet, mais non! Le sujet est si vaste, si coloré d’une multitude d’émotions et d’interprétations que de vouloir l’expliquer simplement relève de la pure folie. Mais je vais tenter ici d’en faire un portrait général.

La fierté gaie, en 2017, n’est plus du tout celle qui motivait les premiers événements de groupe, les premières marches de la fierté, les premières manifestations de grande envergure liées aux revendications de droits sociaux. Nous n’en sommes plus là, du moins au Canada. Évidemment, dans de nombreux pays, la situation est tout autre. Dans certains endroits du monde, on nie même l’existence de l’homosexualité! Imaginez revendiquer le droit au mariage, à l’adoption ou au traitement égal devant la loi.

Tout d’abord, c’est quoi exactement la Fierté? Selon le dictionnaire Larousse, sa définition est: «Caractère de quelqu’un qui se croit supérieur aux autres; morgue, arrogance, hauteur. Sentiment d’orgueil, de satisfaction légitime de soi.» Alors là, je ne m’attendais absolument pas à une telle définition. Est-ce que les communautés gaies célèbrent l’arrogance? Elles fêteraient le fait de se croire supérieures aux autres? Évidemment pas, comme je le disais plus haut, il y a beaucoup d’interprétations à donner au mot fierté et je vais vous livrer la mienne, bien humblement…

Pour moi, un bon exemple de fierté aujourd’hui est l’image de notre couverture, le couple Khnoum-Niânk. Ces deux serviteurs égyptiens du pharaon vivaient il y a plus de 4000 ans et ont réussi l’exploit de se faire accepter et de vivre ouvertement leur homosexualité en agissant au quotidien de manière à susciter le respect, LE RESPECT! Rien n’a été imposé à leur entourage, encore moins au pharaon et c’est par leur exemple qu’ils sont devenus les protégés du roi, gagnant l’admiration de leurs proches et même de leurs familles qui les acceptaient tels qu’ils étaient. Et de savoir qu’il y a si longtemps nos précurseurs brisaient des tabous moraux et sexuels dans des sociétés extrêmement difficiles, de ça, JE SUIS FIER!

D’autres ressentent parfois une grande fierté à l’idée de pouvoir participer à un événement grandiose comme Fierté Canada ou la Fête Arc-en-Ciel parce qu’ils vivent dans des régions éloignées où ils ne peuvent être aussi ouverts qu’ils le voudraient. Ils viennent célébrer «la fierté» en ville et découvrent un mode de vie totalement ouvert dans lequel ils peuvent s’épanouir tels qu’ils sont, et de ça ils sont fiers, avec raison.

Alors qu’on se le dise bien, la fierté gaie n’est pas uniforme, elle n’est pas non plus simplement le fait d’être heureux d’être gai, il ne faut pas exagérer. La fierté gaie, c’est le bonheur de se voir évoluer, de voir ce qui a été fait, de se rendre compte que nous sommes tous égaux et que même si beaucoup reste à faire, les accomplissements méritent qu’on célèbre une fois par année les résultats obtenus. C’est également une occasion de nous souvenir de ceux qui n’ont pas eu cette chance. Nous souvenir, c’est aussi ça la fierté gaie!

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