Confidence Il se porte volontaire pour mourir

Il se prénomme Pascal, il a 18 ans et depuis 3 mois, il a décidé de mettre un terme à ses jours, passivement, parce qu’il n’en peut plus d’être “une tapette” auprès de sa famille et dans son entourage. Il se confie à Gay Globe Magazine.

En février dernier, je rencontrais un jeune homme désespéré, de la vie et de son orientation sexuelle, qui m’a parlé longuement de son désir de mettre un terme à sa vie de façon passive, en toute lucidité et conscience. J’ai décidé d’en parler seulement aujourd’hui parce que j’avais la certitude que le cas de Pascal n’était pas unique et que peut-être arriverions-nous à lui redonner espoir et ouvrant le débat, grâce à lui.

Pascal a 18 ans, il vient tout juste de les avoir. Je le rencontre lors d’un vendredi soir ordinaire dans un bar gai de Montréal, il a l’air très sympathique, il me plaît d’ailleurs beaucoup avec ses grand yeux verts. Après deux bières, il se détend un peu et commence à me regarder dans le blanc des yeux, comme s’il y cherchait un peu de réconfort, de paix, comme s’il voulait, l’espace d’un instant, ne plus penser à ce qui l’accablait tant, son homosexualité. Est-ce qu’il est encore possible en 2009 d’être jeune et persécuté pour être gai à Montréal?

“ Les biens et les maux qui nous arrivent ne nous touchent pas selon leur grandeur, mais selon notre sensibilité. “ (La Rochefoucauld)

“J’ai décidé il y a quelques mois de ne plus me protéger, de me placer volontairement en situation dangereuse et de vivre une sorte d’hypersexualité de manière à en finir au plus vite du fardeau d’être gai”, me lance tout bonnement Pascal, pourtant lucide et très articulé. “ À l’école primaire et encore plus au secondaire, comme j’étais très mince et peu sportif, on me traitait tout le temps de fif, de tapette, de “mangeux de q…” et quand je revenais chez moi et que j’en parlais à ma mère, en espérant qu’elle me dise quelque chose de remontant, elle le répétait à mon père qui me répondait que j’avais juste à ne pas agir en tapette pour régler ça… Mais je suis une tapette, je ne savais plus comment m’en sortir…”, nous explique Pascal.

Partout dans sa vie, on lui a reproché d’avoir l’air de ce qu’il était, sans qu’il ne puisse jamais dire ce qu’il était. Pendant notre conversation, je lui demande s’il était vraiment une “tapette” ou s’il n’était pas plutôt un jeune homosexuel persécuté. Il me répond qu’il ne sait justement plus quoi penser d’où son profond désir de se suicider par des relations non protégées avec des personnes qu’il sait potentiellement atteintes de maladies graves transmissibles. Il a d’ailleurs contracté à quelques reprises quelques maladies comme l’herpès et une ghono, “c’est parti tout seul avec le temps, sans antibiotiques”, me lance t-il en riant. “Si je pouvais attraper un SIDA, ça ferait ben mon affaire, il y en a qui brailleraient un bon coup si j’en mourrais, ça serait une sorte de vengeance. Je fais tout ce qu’il faut pour y arriver”.

La dévalorisation de soi, le désespoir et la dépression causés par la cruauté d’un entourage inconscient est un motif de suicide chez de nombreux jeunes gais, nous le savons depuis de nombreuses années. Pascal a accepté de m’en parler non pas parce qu’il souhaitait s’aider lui-même à se sortir de son état mais pour me solliciter, espérant que je puisse l’aider à mener à terme son triste projet.