Décontamination du site Molson : les profits privés, les dégâts publics

Photo Molson

Roger-Luc Chayer (Photo: Portail Constructo)

À la suite de l’annonce de la reconversion de l’ancien site de la grande multinationale Molson, fabricante de plusieurs marques de bière, le Village gai de Montréal fondait de grands espoirs sur l’arrivée de milliers de nouveaux habitants prévue pour 2027. Mais voilà qu’un obstacle majeur vient de surgir : le terrain est beaucoup plus contaminé que prévu, et le promoteur immobilier n’a pas les reins assez solides pour faire face à une dépense aussi considérable.

Selon le Journal de Montréal, « On a une centaine de millions de dollars de travaux reliés […] à la décontamination du site que l’on n’avait pas nécessairement prévus. […] Je ne dirais pas que le projet est bloqué. Mais nous sommes en discussion avec différentes entités gouvernementales afin de trouver une solution ensemble« , déclarait le directeur des projets majeurs de Montoni, Leonard Verrilli. Le directeur des projets majeurs de Montoni n’a pas souhaité donner de détails sur le type de matières toxiques découvertes sur place.

On demande l’aide des Gouvernements

Là où les choses se compliquent, c’est que le promoteur réclame maintenant une aide financière du gouvernement du Québec. Or, selon la ministre France-Élaine Duranceau, les enveloppes budgétaires disponibles par le passé ne le sont plus aujourd’hui. Mais la véritable question demeure : pourquoi ne pas tenir responsable la milliardaire Molson/Coors pour les dommages environnementaux causés sur ce site, exploité pendant des décennies sans réelle considération pour la contamination des sols?

L’histoire de Molson à Montréal

Fondée en 1786 par John Molson, la brasserie Molson est l’une des plus anciennes entreprises en Amérique du Nord encore en activité. Installée à Montréal, au bord du fleuve Saint-Laurent, elle a marqué l’histoire économique, sociale et culturelle de la ville pendant plus de deux siècles. À ses débuts, la brasserie produisait de petites quantités de bière destinées aux colons britanniques. Rapidement, grâce à la vision entrepreneuriale de la famille Molson, l’entreprise s’est développée pour devenir un pilier de l’industrie brassicole canadienne.

Molson a aussi diversifié ses activités au fil du temps : transport ferroviaire, finance, théâtre — mais c’est la bière qui demeure au cœur de son identité. L’usine Molson, située près du pont Jacques-Cartier, est devenue un emblème montréalais, visible de loin avec son logo lumineux.

En 2005, la compagnie fusionne avec Coors pour former Molson Coors, une multinationale. En 2019, un choc survient : l’annonce de la fermeture de l’usine montréalaise. Le site historique, appelé à être transformé en projet résidentiel, laisse derrière lui un riche héritage, mais aussi des défis environnementaux importants.

Une responsabilisation nécessaire en héritage

Molson a tout de même vendu son terrain et ses bâtiments au consortium de promoteurs pour la coquette somme de 126 millions de dollars. Pourquoi ne pas impliquer Molson dans une partie des frais de décontamination? Ce geste pourrait représenter un véritable legs à la ville de Montréal, après des siècles de profits réalisés sur ce site. La question mérite d’être posée. D’ici à ce que ces fonds soient trouvés, le projet risque d’être ralenti — et les Montréalais n’ont certainement pas besoin d’un tel retard en pleine crise du logement abordable.

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