Roger-Luc Chayer
Dans la foulée de l’affaire Caitlyn Jenner et de son changement de sexe très publicisé dans le monde, et suite à quelques réactions d’une rare violence à l’endroit de personnes transgenres aux États-Unis, le psychiatre expert Paul R. McHugh de l’Hôpital universitaire Johns Hopkins de Baltimore a souhaité faire une mise au point sur la question tout en démystifiant certaines idées préconçues sur le transsexualisme.
L’ex-psychiatre en chef à l’hôpital Johns Hopkins et professeur émérite de psychiatrie déclarait, dans une entrevue datant du 2 juin dernier, que le transsexualisme était un désordre mental qui nécessitait un traitement médical, que le changement de sexe était «biologiquement impossible» et que les personnes qui font la promotion ou qui entretiennent la mode trans tout en encourageant les chirurgies de réassignation sexuelle font erreur.
Il va de soi que dans le contexte actuel, les propos du professeur sont très controversés, mais ils méritent qu’on s’y attarde pour mieux comprendre et apprendre certains faits. Par exemple, il faut savoir que moins de 0,5% des personnes qui se disent trans sont atteintes d’une forme physique et rare d’aberration sexuelle.
Elles peuvent effectivement avoir des organes différents de leurs chromosomes, XX pour les hommes et XY pour les femmes.
Auteur de 6 recueils et de 125 articles médicaux publiés, le Dr. McHugh déclarait que les opérations de changement de sexe n’étaient pas la solution pour les personnes qui souffrent d’un «désordre de perception», ce désordre qui voudrait qu’un homme ou une femme se sente sexuellement différent de ce qu’ils sont naturellement.
Une nouvelle étude démontre d’ailleurs que le taux de suicide chez les personnes opérées pour un changement de sexe est 20 fois plus élevé que chez les trans non-opérés. D’autre études démontrent aussi que les personnes manifestant un «désordre du genre» perdent cette perception spontanément avec le temps dans 70% à 80% des cas.
Il ajoute que les politiciens, Hollywood et la plupart des grands médias qui font la promotion et qui font du transsexualisme une mode, ne servent pas les intérêts des personnes transgenres ou du public en traitant une maladie comme une question de droits sociaux au même titre que la question homosexuelle, alors qu’il s’agit d’une condition médicale qui nécessite compréhension, traitement et prévention.
«Ce sentiment intense de se sentir transgenre constitue un désordre mental en deux volets. D’abord, l’idée qu’il s’agirait d’un débalancement sexuel est tout simplement erronée, elle ne correspond tout simplement pas à la réalité physique. Ensuite c’est que cette croyance peut mener à des troubles psychologiques majeurs.», déclare le professeur.
Le «désordre» de la personne transgenre résiderait dans la perception que cette personne a d’elle-même qu’elle serait différente de sa réalité physique, de sa masculinité ou de sa féminité tels qu’assignés par la nature. Il s’agit d’un désordre similaire à une personne dangereusement maigre souffrant d’anorexie qui se regarde dans le miroir et croit en se voyant qu’elle est obèse, selon le Dr. McHugh.
Cette perception, à l’effet que le genre serait une question psychique nonobstant la réalité anatomique, pousse certaines personnes transgenres à rechercher l’acceptation sociale par l’affirmation de leur propre «vérité personnelle» subjective et cela a contribué à ce que certains États américains comme la Californie, le New Jersey et le Massachusetts interdisent aux psychiatres de traiter ces troubles de la perception sexuelle chez les personnes non-opérées.
«C’est la raison pour laquelle à Johns Hopkins, toutes les chirurgies de réassignation sexuelle ont été stoppées puisque produire un patient satisfait, mais toujours aussi troublé, semblait une raison inadéquate pour amputer chirurgicalement des organes sexuels normaux», ajoute le professeur qui a consacré l’essentiel de sa carrière à étudier et à traiter des centaines de patients.
L’ex-chef du département de psychiatrie de Johns Hopkins a aussi averti le public sur le fait d’encourager des sous-groupes de transgenres, comme les jeunes enfants et ados, hautement susceptibles et faciles à manipuler, en pointant du doigt certains groupes communautaires militants qui recommandent à ces jeunes de se distancer de leur famille afin de réaliser leur chirurgie de réassignation. Il conseille de ne pas ignorer ce fait et d’encourager plutôt ces jeunes à consulter un médecin qui saura comment soulager le patient de la même manière que l’on peut intervenir et soulager certaines personnes anorexiques avant qu’il ne soit trop tard.
Le professeur McHugh ajoutait du coup que certains médecins mal formés ou désinformés, qui traitent des jeunes imitant le sexe opposé et qui prescrivent des hormones retardant l’expression naturelle de l’évolution sexuelle de leurs patients pour diminuer les coûts et les inconvénients liés à de futures chirurgies, font une grave erreur puisque ces médicaments peuvent influer sur la croissance normale des enfants et peuvent même causer la stérilité. De telles actions s’apparentent à de l’abus d’enfants sachant que près de 80% de ces jeunes vont spontanément guérir de ce trouble avec le temps et abandonneront leur confusion tout en grandissant normalement si non-traités.
«Le changement de sexe est biologiquement impossible», conclut le médecin psychiatre. «Les patients qui subissent une chirurgie de réassignation sexuelle ne se transforment pas d’hommes à femmes ou vice versa. Ils deviennent plutôt des hommes féminisés ou des femmes masculinisées. Penser qu’il s’agisse d’une question de droits sociaux et encourager les interventions chirurgicales est, en réalité, un encouragement à ne pas traiter un désordre mental», terminait le Dr McHugh dans son entrevue publiée au http://cnsnews.com/news/article/michael-w-chapman/johns-hopkins-psychiatrist-transgender-mental-disorder-sex-change
Il est clair que les propos et l’analyse du célèbre médecin américain soulèvent une controverse nouvelle quant à la question du transsexualisme dans les médias. On a beaucoup parlé de l’angle social des personnes trans, de leurs droits sociaux et de leur «coming-out» en taisant certaines réalités qu’il est quand même important de connaître et de comprendre.
Loin de cette rédaction l’idée de vouloir endosser l’analyse du Dr McHugh, mais comme dans de nombreux dossiers controversés, le devoir d’un média digne de ce nom est de permettre l’expression d’idées opposées afin que le débat public soit le mieux informé possible. Tous les médecins psychiatres et les intervenants du domaine de la santé ne seront pas d’accords évidemment avec le traitement que fait le Dr McHugh de la question trans. Ici même, au Québec, une commission parlementaire traitait de l’identité trans récemment et de sérieuses questions sont soulevées quant à l’éthique entourant le militantisme trans et l’accès à des chirurgies via un un réseau de professionnels peut-être un peu trop militants et éloignés de la question médicale réelle. On y reviendra…
Petit lexique utile dans le cadre de ce dossier:
Transsexualisme: La transidentité, le transsexualisme ou la transsexualité, est le fait chez un individu d’avoir une identité de genre, ou identité sexuelle, non conforme à son sexe de naissance. On parle parfois aussi plus globalement de personne transgenre pour désigner la situation d’un individu dont l’identité de genre est différente de ses apparences et attributs sexuels (barbe, seins…), ou pour évoquer les personnes transsexuelles ne souhaitant pas se faire opérer. La transidentité est le sentiment d’être né dans le mauvais corps.
Elle n’est pas un choix et peut s’affirmer à tout âge et génère souvent un conflit intérieur, un mal profond, mais surtout un malaise social, la personne concernée ne pouvant se reconnaître dans les rôles et apparences socialement attribués aux hommes ou aux femmes, selon le cas. L’adjectif habituel pour désigner une personne qui a une identité de genre à l’opposé de son sexe de naissance est «transsexuel-le».
L’identité de genre peut aussi, entre autres, être ambivalente ou neutre. Ainsi, le terme «femme transsexuelle» peut désigner une personne de sexe masculin qui est de genre féminin ; de même, un «homme transsexuel» a une identité masculine bien qu’étant de sexe féminin.