Par: Roger-Luc Chayer
Monsieur Donald J. Trump, Président
Maison-Blanche
1600 Pennsylvania Ave NW
Washington, DC 20500
États-Unis
Monsieur le Président,
Je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui afin de vous parler de la question des communautés LGBT, tant dans votre magnifique pays que partout dans le monde. Si je procède ainsi, dans le cadre d’une édition de ce magazine, c’est qu’il se dit beaucoup de choses dans les médias et sur le Web en général sur des prétendues politiques «anti-gaies» qui auraient pour origine votre administration.
Contrairement aux positions traditionnelles des médias et groupes gais, qui tendent à vous condamner haut et fort sur la place publique, sans même se donner la peine, souvent, de corroborer les informations qu’ils dénoncent, j’ai décidé de vous écrire pour vous parler de nos réalités et de nos craintes face à ce qui pourrait aussi s’avérer de simples rumeurs. Dans le même esprit, si vous souhaitez répondre et nous parler, je vous offre tout l’espace nécessaire dans ces pages, à la réception de votre réponse.
Pendant des années, sur la question des droits sociaux et des libertés individuelles, les États-Unis ont été un formidable exemple à suivre pour beaucoup de pays et de gouvernements. Tant sur la question de l’égalité raciale que sur l’égalité des personnes homosexuelles, même si tout ne semble pas parfait, votre pays a été un
eader et une puissante locomotive suscitant le respect et l’admiration. Or, depuis votre élection, et même pendant votre campagne électorale, de nombreuses voix se sont élevées pour déclarer votre programme social et vos objectifs comme «homophobes». Certains allaient même jusqu’à dire que vous étiez contre le mariage et les droits égaux pour les personnes homosexuelles et que vous souhaitiez annuler les récentes avancées sur la question.
Inutile de dire que ces affirmations sont inquiétantes non seulement pour les personnes homosexuelles américaines, mais aussi pour ces personnes au niveau international, car l’exemple que vous donnez pourrait inspirer de nombreux autres dirigeants à poser les mêmes gestes et à mettre en place des politiques visant à réduire les droits de ces personnes ou même à les punir encore plus sévèrement pour leur différence. Pour nos différences.
Malgré tout, avant de vous écrire et de tirer mes conclusions, j’ai effectué des recherches assez poussées sur le site Web de la Maison Blanche et je n’ai pas été en mesure de trouver la moindre information concernant la moindre politique visant les personnes des communautés LGBT. J’ai effectué des recherches avec les mots clés «homosexual», «homosexuality», «gays», «trans», et «lesbian» et je n’ai trouvé aucune mention de quelque politique que ce soit.
Évidemment, les mêmes recherches effectuées sur Google, en y associant votre nom, nous donnent des centaines de milliers de résultats, mais impossible de corroborer ce qui semble être de graves insinuations, je vous l’accorde.
Est-ce qu’il se pourrait, donc, que toutes ces insinuations, présentées comme des faits, ne soient que des rumeurs propagées par des groupes ayant intérêt à diffuser de telles informations, de telles fausses nouvelles? De la «fake news»? Je suis aussi personnellement très troublé par le fait d’associer des déclarations passées de Monsieur le Vice-Président au nazisme. Je pense que tout le monde a droit à ses opinions, mais de là à considérer le Vice-Président des États-Unis comme un nazi, un équivalent d’Adolf Hitler, relève de la diffamation et je n’endosse pas de tels propos qui sont faits au nom des communautés LGBT.
Une seule personne est toutefois en mesure de répondre à tout cela et c’est vous, Monsieur le Président!
Voyez-vous, les personnes homosexuelles ne sont pas responsables de ce qu’elles sont, elles ne font qu’exister tout naturellement, ce n’est évidemment pas leur choix ni de leur faute, mais comme toute autre personne dans votre pays et dans le mien, elles sont égales aux hétéros et on ne peut agir en considérant les personnes LGBT comme inférieures, dépravées ou d’une moindre morale.
Je pense personnellement qu’il n’y a rien de bien choquant pour des personnes homosexuelles à pouvoir s’unir amoureusement et légalement, à souhaiter adopter des enfants, à avoir le droit à des pensions comme conjoints survivants ou simplement à exister paisiblement en toute égalité devant la loi. Votre pays est un exemple de démocratie et c’est à ce titre que je vous invite, sur la question homosexuelle du moins, à clarifier votre position afin de rassurer ces personnes, de nous rassurer, et de nous traiter en bon père de famille, protecteur et unificateur.
Dans de nombreux pays où ces droits ont été améliorés, notamment en Europe, au Canada ou en Océanie, non seulement les personnes de ces communautés se sont mieux épanouies socialement grâce à des lois égalitaires, la société elle-même s’est ouverte en général quant à l’acceptation des LGBT. Est-ce qu’il est possible de croire que le Président des États-Unis puisse être un bon père de famille pour toutes et tous et montrer l’exemple au niveau international? Je le crois sincèrement. Je dis oui!
Merci, Monsieur Trump, d’avoir lu cette lettre ouverte qui vous a été acheminée avant publication pour vous permettre d’y répondre. Il s’agirait d’une première historique et ce dialogue pourrait faire beaucoup de bien au coeur de nos communautés. Bien à vous…
Mais le Président Trump a préféré
ne pas répondre…
Malgré le scepticisme de plusieurs interlocuteurs qui nous répétaient constamment que nous rêvions en couleur en espérant une réponse du Président des États-Unis, nous avions bon espoir qu’il ouvre le dialogue sur la question LGBT avec nous, puisqu’elle a été très présente dans l’actualité de sa première année de présidence. Malheureusement, au moment d’aller sous presse, aucune réponse ne nous était parvenue malgré la preuve de livraison directement à la Maison-Blanche, comme on peut le voir plus bas.
Il aurait dû répondre et profiter de l’occasion pour clarifier son discours et ses politiques vis-à-vis des communautés LGBT. En profiter aussi pour rassurer les personnes homosexuelles sur la solidité de leurs droits sociaux durement acquis.
Nous ne savons pas comment notre lettre ouverte a été perçue, mais c’est peut-être aussi une question de circonstances, car depuis la réception de notre lettre, la Maison-Blanche a été impliquée dans de nombreuses crises, des démissions importantes et particulièrement par la démission de la Directrice des communications de la Maison-Blanche, Hope Hicks, ce qui n’était pas pour aider les choses. Si, par le plus grand des hasards, nous devions recevoir quelque communication que ce soit après la publication de cette édition du magazine, nous nous empresserons de la publier.