Par: Yves Gingras, Jean-Hugues Roy, Kristoff Talin et Caroline St-Louis CIRST-UQAM
Artisans de l’information : ce que vous savez et pensez des sciences? Félicitations ! Avec une note moyenne de 10,54 sur 13, soit 81%, vous performez très bien sur le plan des connaissances scientifiques. Par exemple, en 2005, dans l’Union européenne, les citoyens obtenaient à ce même test une moyenne de 8,24, soit seulement 63 %. Bien sûr, la moyenne élevée obtenue par nos artisans de l’information s’explique par leur haut niveau de formation académique et par le fait qu’ils sont généralement bien informés, exerçant une profession en lien parfois assez étroit et régulier avec les informations scientifiques. L’analyse de l’ensemble de vos réponses nous a permis de construire une typologie constituée de trois groupes ayant des représentations différentes des sciences et des technologies: Répartition des sondés par groupe 1- Le groupe le plus important, 49% des sondés, réunit les personnes dont on pourrait qualifier les attitudes de neutres ou de modérées. 2- Le deuxième, composé de 31% des sondés, rassemble les personnes dont les attitudes pourraient être qualifiées de «pro-science». 3- Le dernier, avec 20% des sondés, regroupe ceux qui ont une attitude plus distanciée, voire critique, par rapport aux sciences. L’influence du sexe et de l’âge 1- Les groupes modéré et critique sont plus féminins alors que le groupe pro-science est davantage masculin. 2- Le groupe critique est aussi caractérisé par la jeunesse de ses membres, tandis que le groupe pro-science est davantage l’apanage des 55 ans et plus. 3- Ni le niveau de diplôme, ni la formation académique, ni le domaine d’exercice du métier n’engendrent de variation significative entre ces trois groupes. 4- De façon générale, les femmes ont une représentation plus critique des sciences et des technologies que les hommes. La science, les scientifiques et leurs responsabilités Comme on pouvait s’y attendre, le groupe critique insiste davantage sur la responsabilité des scientifiques que le groupe pro-science. Ces derniers sont aussi les plus nombreux à affirmer que la science sera un jour capable de donner une image complète de la nature et de l’univers. Le groupe pro-science rejette très clairement l’affirmation d’une incapacité des scientifiques à avoir un point de vue général sur les problèmes (84%), tout comme il ne croit pas en l’incapacité des spécialistes en sciences à comprendre ces problèmes (93%). Il est aussi en désaccord avec la proposition selon laquelle on ne peut plus faire confiance aux scientifiques (77%) et ne s’oppose pas au financement privé de la recherche (46%). Conclusion: On peut donc se réjouir que notre étude mette en évidence le fait que la plupart des artisans francophones de l’information, en 2020, tendent à être ce que Noah Feinstein (2011) appelle des «observateurs compétents» des sciences et de la technologie. Ils les abordent comme tout autre sujet: avec une certaine dose de doute et de distance critique, sans être exagérément sceptiques, voire négatifs envers les avancées scientifiques; sans non plus en devenir des militants.