Mehryl Ferri Levisse
L’exposition « Aux temps du sida » parle d’un temps encore non révolu où l’épidémie n’est pas surmontée en dépit d’importantes avancées médicales. Les quarante dernières années ont vu s’entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d’espoir, tous adossés à des formes de créations dont la force demeure inspirante pour notre époque. Exposition pluridisciplinaire, « Aux temps du sida » présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations.
À partir des années 1980, le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et son stade ultime, le sida, explosent de manière incontrôlable aux États-Unis, en France et bientôt partout dans le monde. Cette crise sanitaire va aussi se révéler une crise des représentations qui occasionne, jusqu’à aujourd’hui, l’apparition de nouvelles formes dans la création. Le virus emporte une génération de créateurs et créatrices, d’écrivains et écrivaines, de chorégraphes, de cinéastes, de plasticiens et plasticiennes… tandis que la maladie s’insinue, de façon manifeste ou en filigrane, dans les œuvres. On voit éclore jusqu’à nos jours chez les artistes des prises de parole engagées voire militantes tandis que les luttes pour plus de tolérance, de visibilité et de droits pour les minorités s’organisent, et ce, aussi par le truchement de l’œuvre d’art.
Conçue comme un voyage chrono-thématique qui place le visiteur dans un maelström de sensations et de réflexions, l’exposition s’articule en sections qui mettent en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre ce qui n’est pas une maladie mais bien un scandale (pour reprendre les mots d’Elisabeth Lebovici). Les œuvres se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de montages audiovisuels de l’INA, d’objets et d’archives liés à la mémoire du sida. La scénographie, tantôt immersive, tantôt intimiste, propose aux visiteurs un parcours qui fait la part belle à la sensation et rend compte de la diversité des champs de création investis par ce projet qui mise sur la pulsion de vie qui innerve la création. L’exposition s’accompagne, en outre, d’une « Permanence » qui propose aux visiteurs qui le souhaitent d’échanger avec des représentants du secteur de la santé et de la solidarité, des spécialistes de la prévention, des bénévoles issus d’associations diverses et ce, dans l’enceinte du musée qui fait ainsi valoir son rôle citoyen au sein de la cité.
Commissariat : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du MAMCS
Équipe de recherche : Thierry Laps, Anna Millers, Coralie Pissis, Alexandre Zebdi-Libot
Conseillers scientifiques : Thibaud Croisy, auteur et metteur en scène, Didier Roth-Bettoni, journaliste, auteur, historien du cinéma et producteur radio
Scénographie : Roll-Office (Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol)
Cette exposition bénéficie du soutien exceptionnel de l’Eurométropole de Strasbourg.